Formation du gouvernement: le pousse toi que je m’y mette de Driss Lachgar

Veni, vidi, vici, c’est l’expression qui ira bien, par les temps politiques qui courent au Maroc, à Driss Lachgar, premier secrétaire de l’Union socialiste des forces populaires (USFP). Ce troisième larron a fini par s’imposer, par on ne sait quel subterfuge, dans le prochain gouvernement de Saadeddine El Othmani, ce « sage » du Parti de la justice et du développement PJD dont la décision de transgresser la « ligne rouge » dressée par son prédécesseur Abdelilah Benkirane, s’apparente à une gifle assénée à ce dernier. Une gifle qui a résonné sur les réseaux sociaux et au sein même du PJD en ce sens que nombreux sont ceux qui n’ont pas apprécié cette « soumission » d’El Othmani au « diktat » de l’USFP et de ceux derrière lui.

Pousse toi que je m’y mette

Après avoir réussi à bouter hors du gouvernement le Parti de l’Istiqlal, Aziz Akhannouch, président du Rassemblement national des indépendants (RNI), faisait de la participation de l’USFP, en plus de l’UC et du MP, sa condition sine quoi-non de sa participation au gouvernement du bouillonnant Benkirane. Ce dernier a tenu bon jusqu’au dernier moment, mais sa mise à l’écart a laissé le champ libre à Driss Lachgar. Le dirigeant de l’USFP, quoi qu’il dise et affirme que son parti a négocié de manière indépendante, sait bien que n’eut été l’intervention d’Akhannouch- qui curieusement s’est effacé un peu ces derniers jours- il ne ferait pas partie de la photo prise avec El Othmani aux cotés des autres heureux élus. Ainsi, en lieu et place de l’Istiqlal, on retrouve l’USFP côtoyant ces « islamistes rétrogrades qui constituent une menace » pour le pays.

La realpolitik à la marocaine

S’il y a un déçu dans tout ce « cirque politico-médiatique » ayant tenu en haleine les marocains depuis le scrutin législatif du 7 octobre dernier, c’est bien Abdelilah Benkirane qui a compris, à ses dépens, qu’en politique, il n’y a pas d’état d’âme, et que la popularité, ou le « populisme » dont on l’accuse, est un phénomène éphémère dans un pays où les gens, le moins que l’on puisse dire, n’ont pas une mémoire d’éléphants, et arrivent toujours à s’adapter à toutes les situations, l’une faisant oublier l’autre, et ainsi de suite.

Son intervention en guise de « message d’adieu » samedi devant la commission chargée de proposer les ministrables du PJD, quelques heures avant l’annonce des partis devant figurer dans le gouvernement, est truffée de message codées et décryptés que « beaucoup d’entre vous comprendront » mais dont certains relèvent du secret que Benkirane dit emmener avec lui dans sa tombe.

Quoi qu’il en soit,  et quel que soit l’attitude des représentants de l’aile dure du PJD, et quoiqu’il advienne de Benkirane, force est de constater qu’au Maroc, la realpolitik, qui veut que personne n’est indispensable, finit toujours par avoir le dernier mot.  Driss Lachgar qui normalement devrait se sentir un peu gêné de figurer dans un gouvernement qui ne voulait pas de lui, devrait s’en rendre compte, lui qui affirme que son parti est indispensable dans l’échiquier gouvernemental.

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