En Somalie, un attentat à la voiture piégée fait au moins 79 morts

L’attentat, qui est survenu dans un secteur très fréquenté du sud-ouest de la capitale, a fait une centaine de blessés, selon le chef de la police somalienne.

Une voiture piégée a explosé dans une rue très fréquentée du sud-ouest de la capitale de la Somalie, Mogadiscio, samedi 28 décembre, dans la matinée. « Maintenant, nous pouvons donner des détails sur le nombre de morts qui s’établit à 79 pour l’instant et les blessés sont une centaine », a déclaré le chef de la police somalienne Abdi Hassan Mohamed, ce qui en fait l’attaque la plus meurtrière depuis deux ans dans la capitale, régulièrement ciblée par une insurrection islamiste.

«Il se peut qu’il y ait un ou deux morts de plus» à cause du nombre élevé de blessés, a-t-il ajouté. Auparavant, le directeur du service privé d’ambulances Aamin Ambulance, Abdukadir Abdirahman Haji, avait indiqué qu’environ 125 personnes avaient été blessées.

Au moins seize des personnes tuées étaient des étudiants de l’université privée Banadir de Mogadiscio. Ils circulaient à bord d’un bus lorsque la voiture piégée a explosé dans une zone où la circulation est très dense en raison de la présence d’un poste de sécurité et d’un centre des impôts.

«C’est un jour noir, c’est un jour où les parents qui ont envoyé leurs enfants étudier en ont récupéré les corps », a déclaré le président de l’université, Mohamed Mohamud Hassan, dans un message audio samedi soir. L’université Banadir a annoncé cinq jours de fermeture.

«Cela a été dévastateur parce qu’il y avait beaucoup de monde, notamment des lycéens dans des bus», a raconté un témoin, Muhibo Ahmed. «Tout ce que j’ai pu voir, ce sont des corps morts éparpillés, certains brûlés au point d’être méconnaissables», a déclaré une autre personne présente, Sakariye Abdukadir.

Deux ressortissants turcs, qui seraient des ingénieurs en bâtiment, figurent parmi les morts, a précisé Ibrahim Mohamed,un responsable policier. « On ignore encore s’il s’agissait de passants ou s’ils séjournaient dans la zone », a-t-il dit. Le ministère turc de la défense a indiqué sur Twitter avoir envoyé un avion militaire « chargé d’équipement (…) afin d’apporter une aide d’urgence à nos frères somaliens blessés dans la méprisable attaque terroriste en Somalie ».

Le président somalien Mohamed Abdullahi Farmaajo a condamné l’attaque dans des déclarations diffusées par l’agence nationale de presse Sonna. «Cet ennemi s’emploie à mettre en œuvre la volonté destructrice du terrorisme international, ils n’ont jamais fait quoi que ce soit de positif pour notre pays, ils n’ont pas fait de route, jamais construit d’hôpitaux ni d’établissements d’éducation, a-t-il déclaré. Tout ce qu’ils font, c’est détruire et tuer, et [les Somaliens] le savent bien.»

Le premier ministre Hassan Ali Khiere a nommé un comité d’urgence chargé d’aider les blessés. «Nous demanderons une assistance médicale en dehors du pays pour ceux dont l’état de santé ne peut pas être traité dans le pays», a-t-il déclaré sur Radio Mogadiscio.

Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a condamné l’attentat et déclaré dans un communiqué que «les auteurs de ce crime épouvantable doivent être traduits en justice».

L’attentat, qui n’a pas été revendiqué dans l’immédiat, survient dans un contexte marqué par de multiples actions meurtrières des islamistes chabab, affiliés à Al-Qaida. Ces insurgés ont juré la perte du gouvernement somalien, soutenu par la communauté internationale et par les 20 000 hommes de la force de l’Union africaine en Somalie (Amisom).

Chassés de Mogadiscio en 2011, ils ont ensuite perdu l’essentiel de leurs bastions. Mais ils contrôlent toujours de vastes zones rurales d’où ils mènent des opérations de guérilla et des attentats-suicides, y compris dans la capitale, contre des objectifs gouvernementaux, sécuritaires ou civils.

Les Chabab ont multiplié les attaques cette année, notamment contre une base américaine fin septembre, ou contre la mairie en juillet, ce qui a coûté la vie au maire de la ville, Abdirahman Omar Osman. Leur dernière attaque remonte au 11 décembre, lorsqu’un commando armé de cinq islamistes a pris pour cible l’hôtel SYL du centre de la ville, fréquenté par les dignitaires. L’attaque avait fait cinq morts.

L’attentat le plus meurtrier de l’histoire de la Somalie s’est produit en octobre 2017 où 512 personnes ont été tuées et quelque 295 blessées par l’explosion d’un camion piégé à Mogadiscio.

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