Quand Amnesty infirme comme nulle et non avenue la souffrance de la victime déclarée de Omar Radi

Amnesty appelle à faire pression sur chef du gouvernement Saad Dine Otmani pour obtenir la libération de Omar Radi, suspecté de bénéficier de «financements de l’étranger» en lien avec des «services de renseignement» et qui affronte également des accusations de viol.

Amnesty, l’entité turbulente qui s’érige en maîtresse souveraine de la vérité par la seule vertu des coups de main, qui s’impose aux nations par l’outrance de ses procédés, sévit encore. Omar Radi, qui a déjà été condamné à quatre mois de prison avec sursis pour avoir diffamé un juge, voit son affaire devenir une fantaisie à laquelle l’ONG londonienne se prête moins par conviction que par résignation. Omar Radi, pour rappel, est placé en détention depuis le 29 juillet, pour «viol» et «réception de fonds étrangers en vue de porter atteinte à la sécurité intérieure de l’Etat». Il est incarcéré à la prison d’Oukacha à Casablanca et son procès doit commencer le 22 septembre.

Amnesty se hâte un peu trop de revenir à d’anciennes habitudes : s’immiscer dans les institutions de pays souverains. L’ONG a appelé, le 9 septembre dans un post Facebook, les soutiens d’Omar Radi à interpeller le chef du gouvernement Saad-Dine Otmani par écrit pour obtenir la libération du journaliste controversé. Comme si le sort d’un détenu qui affronte, entre autres, des «délits relatifs à l’attentat à la pudeur avec violence et viol», après une «plainte déposée par une citoyenne» est un acte de bon plaisir. Une ONG qui livre un dossier sur lequel la justice se prononcera aux derniers égarements de son humeur, et qui ne trouve rien de mieux que des subterfuges sans aucune valeur pour influer sur son déroulement.

Amnesty fait à peu près le contraire de ce qu’elle devrait faire : elle ne tient compte, dans ses sorties, que des intérêts d’un journaliste soupçonné de plusieurs délits lorsqu’elle devrait ne considérer que l’intérêt d’une victime, H.B., qui affirme avoir été violée par Omar Radi. Qu’en résulte-t-il ? Les allégations de l’ONG ne résistent pas au plus simple examen, et la confusion ne fait que s’accroître à mesure que ces initiatives supposées défendre Omar Radi se prolongent.

Mis en cause également pour «ivresse publique et violences», Omar Radi reste au cœur d’une double affaire d’espionnage, ce qu’Amnesty feint de rappeler. L’ONG ne déguise même pas l’arrière-pensée d’hostilité qui l’anime contre le Maroc. Si, du moins, ses militants à outrance pouvaient se flatter de pousser jusqu’au bout la rigueur de leur système, de réaliser cette rectitude absolue qu’ils rêvent, il fallait qu’ils répondent aux autorités marocaines qui ont réfuté le rapport de l’organisation, en exigeant qu’elle fournisse des «preuves» des «accusations graves et tendancieuses» contre le Royaume. En vain.

Amnesty évoque dans la même publication (sans le nommer) le cas de Soulaimane Raissouni, directeur de publication du journal Akhbar Al-Yaoum, en détention provisoire depuis fin mai après une accusation d’abus sexuels. Amnesty, bien évidemment, répète la même antienne selon laquelle les deux journalistes sont poursuivis pour leurs activités professionnelles. Le militant pour les droits des personnes LGBT (lesbiennes, gays, bisexuelles, trans) accusateur de Raissouni et qui a été entendu par la police est complètement gommé du texte d’Amnesty. La justice place Soulaimane Raissouni «en détention préventive pour les besoins d’une enquête sur des faits présumés d’attentat à la pudeur avec violence et séquestration» et Amnesty dit qu’il est poursuivi pour ses écrits !

Dans les grandes démocraties, on invoque gravement «le grand principe de la séparation des pouvoirs» exécutif, législatif et judiciaire. La fantaisie d’Amnesty, qui brouille volontairement les fonctions, ne peut que faire rire. Dans le procédé de l’ONG; il y a méprise quand elle nie la souffrance d’une victime qui affirme avoir été violée. Il y a méprise quand on souhaite que les frontières s’effacent entre les pouvoirs au point qu’on ne puisse plus distinguer les domaines, tout simplement pour qu’un individu, qui affronte de graves accusations, soit libéré.

Faut-il rappeler finalement que le nouveau Code de la presse qui ne prévoit plus de peines de prison est entré en vigueur en 2016 au Maroc ? Sauf que Omar Radi n’est pas poursuivi en tant que journaliste : ce mensonge a la vie dure. Malheur à qui s’écarterait si peu que ce fût des éléments de langage minutieusement tracés. Faut-il rappeler que les «enquêtes» d’Omar Radi ont été fondées sur des informations obtenues de manière douteuse ? De quel droit Amnesty met-elle son opinion personnelle au-dessus de tout ? Pourquoi cette ONG anticipe-t-elle sur les résultats des enquêtes et prononce des jugements hasardés ?

Amnesty a rendu son arrêt. Elle a déclaré d’avance que nous nous inclinerions devant lui : faire libérer un journaliste objet «d’une enquête sur son implication présumée dans une affaire d’obtention de financements de l’étranger, en relation avec des services de renseignement» et accusé de «viol». Sur le reste, faire le muet ou le mort.

Si quelque chose compte et paraît désirable pour certains, c’est d’écarter Omar Radi de son affaire, et de parler uniquement de celles qu’on a greffées sur la sienne. C’est devenu la mode de s’inscrire en faux contre les mérites des institutions libres et de prôner l’inanité des bavardages de tribune.

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