L’Algérie accuse des «parties étrangères» de négocier avec des djihadistes au Mali

Plus d’une centaine de djihadistes condamnés ou présumés ont été libérés au Mali début octobre dans le cadre de négociations pour la libération d’une personnalité malienne et d’une Française. L’Algérie fulmine.

Le ministère algérien de la Défense a implicitement critiqué deux gouvernements européens dans une affaire impliquant une prétendue rançon pour libérer des otages au Mali, qui a suscité des interrogations au début du mois d’octobre.

Dans un communiqué mercredi, le ministère a annoncé l’arrestation de Mustapha Derar, un ressortissant algérien, à Tlemcen.

Les forces de sécurité l’avaient traqué après avoir traversé la frontière avec l’Algérie. L’homme avait rejoint un groupe terroriste en 2012, a-t-il ajouté.

Début octobre, des parties étrangères ont mené des négociations qui ont abouti à un accord par lequel le Mali libère plus de 200 djihadistes et paie une rançon pour des groupes extrémistes en échange de la libération d’un ressortissant malien et de trois otages européens.

Les autorités maliennes n’ont ni confirmé ni démenti que des militants avaient été libérés en échange de Soumaila Cissé, Sophie Petronin, Pierluigi Maccalli et Nicola Chiacchio. Selon des sources, c’est l’alliance djihadiste du Sahel liée à Al-Qaida qui est sortie gagnante de l’échange au Mali. Des photos diffusées depuis samedi 10 octobre, notamment une agence mauritanienne, montrent l’accueil triomphal réservé par le chef touareg malien Iyad Ag Ghali, qui dirige cette alliance, le Groupe de soutien de l’islam et des musulmans (GSIM), à plusieurs dizaines de détenus libérés.

La déclaration du ministère sur les parties étrangères impliquées fait très probablement référence à la France et à l’Italie. C’est la première fois qu’Alger accuse presque directement la France de payer une rançon à des djihadistes pour obtenir la libération de captifs.

«Ces actions sont inacceptables et violent les résolutions de l’ONU, qui criminalisent le paiement de rançons à des groupes djihadistes, car cela entraverait les efforts de lutte contre le terrorisme et tarirait leurs sources de financement», a souligné le communiqué.

Sur un organe de communication d’Al-Qaida, le GSIM se targue d’avoir obtenu en échange des otages – un dirigeant de l’opposition, Soumaïla Cissé, la Française Sophie Pétronin et deux Italiens – «la libération de deux cents de ses membres».

Si les autorités de transition peuvent se prévaloir de l’aboutissement de ce dossier, l’ancien président Ibrahim Boubacar Keïta avait engagé les tractations pour la libération de Soumaïla Cissé, enlevé en mars, bien avant son renversement par un coup d’Etat le 18 août.

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