La Russie veut franchir un nouvel cap dans sa reconquête de l’espace

L’agence spatiale russe a annoncé le prochain voyage d’un milliardaire japonais vers l’ISS et le tournage du «premier film de fiction dans l’espace».

La Russie a affiché, jeudi 13 mai, ces nouvelles ambitions dans l’espace avec deux annonces consécutives, alors que l’agence spatiale Roscosmos est à la peine depuis des années et tente de se relancer après des scandales de corruption et la concurrence de la société SpaceX d’Elon Musk.

Dans un premier temps, elle a annoncé, jeudi, qu’elle comptait envoyer le milliardaire japonais Yusaku Maezawa et son assistant Yozo Hirano, chargé de documenter l’aventure, vers la Station spatiale internationale (ISS). Le voyage est prévu pour le 8 décembre à bord d’une fusée Soyouz. «La durée du voyage spatial sera de douze jours», a commenté l’agence, précisant que l’entraînement de l’équipage commencerait en juin.

«Je suis tellement curieux de ce qu’est la vie dans l’espace que j’ai prévu de la découvrir par moi-même et de la partager avec le monde sur ma chaîne YouTube», a commenté Yusaku Maezawa, 45 ans, dans un communiqué de Space Adventures, l’intermédiaire qui organise le voyage.

Le «premier film de fiction dans l’espace»

Par ailleurs, Roscosmos a également annoncé qu’elle enverra, en octobre, l’actrice Ioulia Peressild, 36 ans, et le réalisateur Klim Chipenko, 37 ans, à bord de l’ISS pour y tourner «le premier film de fiction dans l’espace», une œuvre dont on ne connaît que le titre provisoire, «Le Défi».

«Le départ de l’expédition est prévu le 5 octobre 2021 du cosmodrome de Baïkonour à bord du vaisseau spatial Soyouz MS-19», selon Roscosmos. Le film est un « drame spatial », toujours selon l’agence spatiale russe et sera réalisé par M. Chipenko, auteur des films russes «Kholop», «Saliout-7» et «Text».

Le long-métrage est coproduit par Dmitri Rogozine, le patron de Roscosmos, qui veut que la Russie soit la première à réaliser un tel projet, alors que la NASA travaille, elle, avec Tom Cruise sur le même type de projet.

L’annonce de la reprise des expéditions touristiques vers l’ISS intervient alors que la Russie a perdu, en 2020, le monopole des vols habités qu’elle détenait depuis 2011. Depuis mai 2020, les fusées et capsules de SpaceX sont en mesure d’envoyer des astronautes jusqu’à la station, décrochant ainsi les contrats de la NASA et de l’Europe. Un manque à gagner de dizaines de millions de dollars par siège pour la Russie.

Roscosmos et Space Adventures avaient déjà collaboré entre 2001 et 2009 pour envoyer, à huit reprises, de richissimes entrepreneurs dans l’espace, dont le dernier en date fut le fondateur du Cirque du Soleil, le Canadien Guy Laliberté. Le milliardaire japonais qui lui succédera a fait fortune dans le commerce en ligne. Inconditionnel de l’espace, il a même déjà prévu un prochain voyage autour de la Lune, en 2023, avec la société aérospatiale d’Elon Musk.

Un projet d’une station spatiale russe

Ni Space Adventures, ni Roscosmos n’ont révélé la somme que Yusaku Maezawa va débourser pour réserver deux des trois sièges de la capsule Soyouz. Mais, selon le magazine spécialisé Forbes, bien introduit dans l’entourage des milliardaires, un siège est facturé entre 20 et 35 millions de dollars pour huit à douze jours à bord de la station orbitale.

Outre le tourisme spatial et le cinéma, le patron de Roscosmos, Dmitri Rogozine, a promis de relancer son pays avec une série d’ambitieux projets. Le dernier en date serait d’abandonner à l’horizon l’ISS 2025 pour bâtir une station spatiale strictement russe.

Moscou et Pékin ont en outre signé un protocole d’accord pour construire une station en orbite voire même sur la Lune, la Russie ayant décidé de claquer la porte d’un projet lunaire de Washington jugé trop centré sur les Etats-Unis. Aucun de ces projets n’a pour l’instant de budget ni de calendrier précis.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *