Pegasus : 50 000 numéros divulgués, 67 téléphones examinés seulement, et le vague d’une «enquête» bâclée

Le consortium Forbidden Stories et Amnesty International a eu accès (on ignore comment) à une liste, établie en 2016, de 50 000 numéros de téléphone que les clients de NSO Group avaient sélectionnés en vue d’une surveillance potentielle. Selon une prétendue enquête menée par 17 rédactions, cette liste inclut les numéros de plusieurs corps professionnels. Véritable cible dans cette guerre personnelle contre NSO menée depuis 2018 : le Maroc.

Question : combien de téléphones ont fait l’objet d’une expertise technique dans un laboratoire d’Amnesty International, parmi les 50 000 numéros annoncés ? 67. Un examen non détaillé a confirmé «une infection ou une tentative d’infection par le logiciel espion de NSO Group pour… 37 appareils, selon les comptes-rendus». Atterrant, en effet.

L’enquête diffusée est destinée uniquement à mettre à mal la communication et la réputation de la société israélienne, confrontée également à l’hostilité du Citizen Lab de l’Université de Toronto, qui avait consacré une enquête à charge contre NSO. Il ne sera en effet pas aisé de pouvoir rapporter les éléments significatifs de l’agissement présenté comme fautif et préjudiciable dans l’enquête, parce que sur le terrain de la collecte, AUCUN travail sérieux n’a été effectué.

Été 2018, Amnesty International indique avoir subi une cyberattaque au moyen d’un logiciel de surveillance, en disant suspecter une tentative d’infiltration de certaines autorités «hostiles» à son travail. Le groupe a déclaré qu’un membre de son personnel a reçu un message douteux contenant un lien qui, s’il avait été téléchargé, aurait permis à Pegasus, un outil de surveillance sophistiqué développé par la société israélienne NSO Group, de s’emparer des contenus de son téléphone. Depuis, Amnesty a déclaré une guerre maniaque et personnelle contre NSO Group.

Le groupe NSO a indiqué dans une réponse à Amnesty que son produit est destiné à être utilisé exclusivement pour les enquêtes et la prévention de la criminalité et du terrorisme. Mais rien n’y fait, Amnesty persiste.

Pour rappel, Amnesty a été concernée par l’onde de choc dans le secteur humanitaire, lequel a été ébranlé par des accusations de harcèlement et de viols visant des salariés de l’ONG. Plusieurs signalements reçus par la direction de l’organisation internationale ainsi que plusieurs cas d’abus ou de violences morales n’ont jamais fait l’objet d’une investigation interne. Des plaintes ont été déposées devant la justice dans plusieurs pays mais, depuis, silence radio.

Des petits-maîtres pseudo-militants qui s’érigent en juges, en dispensateurs des bonnes notes, des punitions et des récompenses de conne conduite, parlant décisivement de toutes choses ? On en est là. La publicité faite autour de ces prétendues affaires de surveillance a permis de pointer l’ambiguïté de la position de certains médias qui coopèrent parallèlement avec des boîtes connues pour certaines prises de position polémiques. Nouvelle trouvaille : les systèmes d’écoute téléphoniques et électroniques.

Le rapport diffusé prétend que le Maroc a infiltré un numéro du polémiste raciste Éric Zemmour. «Le Maroc a entré dans l’outil de NSO un numéro de téléphone qui était attribué au polémiste Éric Zemmour, auteur en février 2019 d’une violente diatribe contre les migrants marocains sur le plateau de LCI, et ciblé plus tard cette année-là par le logiciel-espion sans que l’on sache si les deux événements sont liés». La cause est connue, mais pas ses motivations.

Les autorités marocaines, pour rappel, ont «réfuté catégoriquement» les «allégations infondées» d’Amnesty International, selon qui le Maroc a eu accès au téléphone d’une personne mentionnée dans l’enquête avec un logiciel de NSO. Dans un communiqué, les autorités de Rabat ont appelé l’ONG à «étayer» son rapport «par des preuves». Le directeur d’Amnesty au Maroc a été convoqué et il lui a été demandé de fournir «dans les plus brefs délais» ces preuves, selon la même source. À cette date, le Maroc n’a rien reçu.

Ls autorités marocaines insistent sur l’importance de «plus de deux décennies d’acquis en matière de droits de l’homme» et de «consolidation de bonnes pratiques», en assurant que «le Maroc n’a pas de problème avec la liberté d’expression», comme l’a dit il y a quelques mois le ministre des Affaires étrangères Nasser Bourita dans un entretien avec le journal suisse «La tribune de Genève».

Le groupe NSO a, dans un communiqué au ton mordant, «nié fermement les fausses accusations portées» dans l’enquête. Elle «est bourrée de suppositions erronées et de théories non corroborées, les sources ont fourni des informations qui n’ont aucune base factuelle», a-t-il écrit sur son site, en précisant envisager de porter plainte en diffamation.

Amnesty International, enfin, a multiplié les ingérences inacceptables dans plusieurs affaires judiciaires marocaines. Elle a appelé à libérer plusieurs personnes présentées comme comme «activistes», accusées de «blanchiment de capitaux», «malversations financières» et «atteinte à la sécurité de l’Etat» et même soupçonnées de viol, entre autres. «Les autorités marocaines doivent les libérer et abandonner toutes les charges retenues contre lui» martelait l’ONG. Rabat, a «catégoriquement» rejeté ces mensonges sur l’état de la liberté d’expression dans le pays, insiste sur le respect des procédures judiciaires et l’indépendance de la justice du royaume.

Appels extorqués, appels par ultimatum, appels sous conditions, — chantage, — le procédé avait trop bien réussi par le passé dans d’autres points du globe, mais le Maroc n’a jamais été contraint de s’incliner devant des organisations sans foi ni loi.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *