Pegasus : des pays européens possédant Pegasus non cités dans les fuites de Forbidden Stories

La société israélienne NSO est bien connue des services de renseignement de différents pays et elle a été accusée d’aider des gouvernements réputées démocratiques à épier des militants et des opposants.

Le saviez-vous ? Un ancien employé de NSO a déclaré que le gouvernement espagnol était client de NSO depuis 2015, et pourtant, les dernières fuites ne citent que certains pays en ligne de mire d’Amnesty depuis des années. Si sa technologie est «commercialisée par l’intermédiaire de licences à des gouvernements dans le seul objectif de combattre la criminalité et le terrorisme», NSO n’a pas vendu la licence de son logiciel qu’à des agences de renseignement gouvernementales de pays décrits comme peu regardants aux droits humains. Le groupe NSO affirme qu’un grand nombre de gouvernements achète son logiciel, y compris ceux de pays démocratiques. Selon nos informations, les services informatiques de plusieurs pays européens constituent un pilier important de l’infrastructure technique de Pegasus, voire le cœur de sa substruction informatique.

L’Europe héberge de nombreux services informatiques dont ceux de l’entreprise de surveillance numérique israélienne NSO Group, ce qui signifie que les démocraties occidentales sont des clients de NSO, une information passée à la trappe par le consortium de médias qui, en partenariat avec les ONG Forbidden Stories et Amnesty International, a été à l’origine des fuites sur Pegasus.

Pourtant, les exemples ne manquent pas. Deux politiciens catalans de haut rang ont vu leurs téléphones piratés en 2019 à l’aide du logiciel Pegasus qui, selon ses créateurs, n’est vendu qu’aux gouvernements, avait révélé un rapport conjoint de The Guardian et El País.

Roger Torrent, président du Parlement catalan, et Anna Gabriel, porte-parole du parti séparatiste d’extrême gauche CUP, qui ont fui en Suisse après l’échec de la tentative d’indépendance, ont été avertis par des enquêteurs américains qu’ils étaient tous deux visés par Pegasus. Les experts ont suggéré qu’il pourrait s’agir d’un cas d’espionnage politique.

M. Torrent, un éminent homme politique séparatiste, a déclaré aux journalistes qu’il soupçonnait l’État espagnol d’être à l’origine de l’attaque. «Il semble inacceptable que les politiciens soient espionnés dans une démocratie où règne l’État de droit», a-t-il déclaré.

C’était la première fois que le logiciel espion est publiquement lié à l’Europe. Le gouvernement espagnol et les services de sécurité n’ont pas commenté spécifiquement l’affaire, mais le Centre national de renseignement du pays a déclaré «qu’il agissait en pleine conformité avec le système juridique et dans le respect absolu des lois applicables».

Les deux dirigeants ont envoyé des copies de leur plainte à la commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe, Dunja Mijatović ; la secrétaire générale adjointe d’Amnesty International, Julie Verhaar ; et le rapporteur spécial des Nations unies sur la liberté d’expression, Danny Kaye. Dans la lettre, les deux dirigeants indépendantistes dénoncent une «atteinte aux droits humains fondamentaux» et déclarent que puisque «les institutions espagnoles font l’oreille sourde», ils ont été contraints de se tourner vers les institutions européennes.

L’Espagne aurait été le premier client européen du logiciel Pegasus : le CNI (National Intelligence Center) du pays aurait acheté le programme d’espionnage. «Ce n’est pas la première fois que des accusations d’espionnage d’opposants politiques émergent en Espagne. En 2009, il y a eu un scandale d’espionnage au sein du Parti populaire de centre-droit. En 2012, les législateurs catalans ont accusé le gouvernement espagnol d’espionnage», avait déclaré un dirigeant catalan. «Mais utiliser des outils extraordinaires comme Pegasus contre des politiciens démocratiquement élus est une première en Europe et devrait faire l’objet d’une enquête immédiate.» Une enquête qui n’a jamais eu lieu.

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