Probable arrêt du GME : l’Algérie utilise le gaz «comme arme économique»

L’Algérie a des obligations (envers l’Espagne et le Portugal) et ne peut se priver des revenus internationaux des contrats liés au GEM, selon les observateurs.

Alors que l’Algérie a affirmé que l’ensemble des approvisionnements de l’Espagne en gaz naturel algérien seraient désormais assurés via son gazoduc reliant directement les deux pays, sans passer par le Maroc, Madrid redoute des perturbations des livraisons de gaz naturel et un partenaire turbulent qui utilise «le gaz comme arme économique».

Une décision algérienne de passer outre le gazoduc Maghreb-Europe «va causer de graves dommages collatéraux à l’Espagne, notamment dans l’approvisionnement en gaz naturel» puisque l’Algérie, qui expédie vers l’Espagne des milliards de mètres cubes de gaz naturel via le pipeline traversant le Maroc, veut suspendre le contrat qui organise cette opération depuis plus de deux décennies.

L’Algérie est le principal fournisseur de gaz de l’Espagne, avec près de 49 % du total en 2021 (jusqu’en juillet), selon les chiffres officiels. Sur ce pourcentage, 89,3 % transitent par les gazoducs Maghreb et Medgaz ; le reste dans les bateaux.

«La stratégie du gouvernement algérien est de verrouiller le Maghreb pour punir le Maroc et le priver de ses juteux revenus des péages gaziers et, accessoirement, augmenter le volume de cette matière première qui arrive à Almeria par un autre gazoduc, le Medgaz» note ABC. «En effet, au début de l’été, l’entreprise publique algérienne Sonatrach et l’espagnol Naturgy, principaux actionnaires de Medgaz, se sont mis d’accord pour augmenter la capacité de ce gazoduc de 25 % (2 Gm3) avant la fin de l’année, à 10 Gm3. Cependant, la capacité du Maghreb est de 13,5 Gm3» détaille-t-on.

Le pipeline GME (Gaz Maghreb Europe) inauguré en 1996 et qui relie sur 1.400 km les gisements de l’Algérie, le plus gros exportateur de gaz d’Afrique, à la péninsule ibérique, a convoyé environ 10 milliards de m3 par an (pour une capacité de 13,5 mds). «Cette augmentation de capacité de Medgaz ne couvrirait pas, en principe, toute la demande en gaz, il faudrait donc augmenter les importations de GNL (gaz naturel liquéfié) qui arrivent sous forme liquide à bord d’énormes méthaniers. Le problème est que ces derniers mois, les prix du gaz ont grimpé en flèche sur les marchés internationaux, en particulier le GNL, en raison de l’augmentation de la demande en Chine. Non seulement le gaz est plus cher, mais il se fait rare, puisque la plupart des pays remplissent leurs réserves du fait de l’arrivée du froid et de l’augmentation générale de la consommation» détaille la même source.

«Dans le pire des cas, l’Espagne pourrait souffrir de problèmes d’approvisionnement en GNL, et les nouvelles livraisons seraient chèrement payées» alerte ABC. L’Espagne a un large panier de fournisseurs de gaz, tout comme c’est le cas avec le pétrole. Actuellement, neuf pays exportent du gaz vers l’Espagne, menés par l’Algérie et suivis, de loin, par la Russie, le Nigeria et les États-Unis.

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