La chambre correctionnelle du tribunal de première instance d’Agadir a tenu, mardi 29 avril, une audience consacrée à l’examen du dossier pénal impliquant Mostafa Bouderka, premier adjoint du président de la commune d’Agadir, Aziz Akhannouch, également chef du gouvernement.
Ce dossier, suivi avec attention dans les cercles judiciaires et politiques, oppose M. Bouderka à un investisseur marocain établi à l’étranger, qui l’accuse de manœuvres frauduleuses dans le cadre d’un projet immobilier à Aglou, dans la province de Tiznit.
Le plaignant reproche à l’élu local de s’être indûment approprié un bien immobilier en recourant à des documents dont l’authenticité est contestée. L’affaire, confiée antérieurement à un juge d’instruction, a donné lieu à une mise en examen pour faux et usage de faux dans un acte officiel ainsi que pour abus de confiance.
Lors de l’audience, M. Bouderka était représenté par Mᵉ Noureddine Khalil, ancien bâtonnier du barreau d’Agadir et membre du Rassemblement national des indépendants (RNI), formation que préside M. Akhannouch. Le plaignant, quant à lui, s’est présenté en personne, accompagné de ses avocats.
La juridiction a décidé de reporter l’examen de l’affaire au 20 mai. Ce nouveau renvoi intervient alors que l’absence récurrente du prévenu depuis l’ouverture du dossier – y compris durant l’instruction – alimente nombre d’interrogations. Plusieurs certificats médicaux et justificatifs d’empêchement, fournis par M. Bouderka, ont été perçus par certains observateurs comme des tentatives d’éluder la comparution.
D’autres dossiers en attente
À ces accusations initiales sont venues se greffer d’autres allégations d’une gravité non moindre. Selon plusieurs témoignages relayés dans la presse locale, M. Bouderka aurait facilité l’attribution de concessions relatives aux aires de stationnement de la ville d’Agadir en contrepartie de commissions occultes. Ces soupçons, bien que non encore tranchés par la justice, amplifient les critiques croissantes sur l’opacité de certaines pratiques municipales.
Par ailleurs, des voix s’élèvent pour condamner un usage détourné de fonds publics alloués aux services de propreté urbaine. Le premier adjoint est accusé d’avoir mobilisé, à son propre bénéfice, une partie des crédits destinés aux agents chargés de l’entretien des voiries et espaces publics, en violation manifeste des règles de gestion budgétaire.
«Il est impératif que cette affaire suive son cours dans le respect des règles de droit sans que la position institutionnelle du prévenu ne vienne troubler le déroulement de la justice», a déclaré une source proche du dossier sous couvert d’anonymat.
La gravité des faits allégués, conjuguée à la proximité manifeste de M. Bouderka avec le chef du gouvernement, confère à cette affaire une résonance qui dépasse largement le périmètre local. Localement, il s’agit là d’un révélateur de l’état de l’éthique publique au sein des collectivités territoriales à un moment où la société civile réclame avec insistance une véritable reddition des comptes.