En marge du forum World in Progress (WIP) tenu à Barcelone, le directeur général des affaires politiques internationales au ministère marocain des affaires étrangères, Fouad Yazourh, a livré une analyse nuancée de la jeunesse marocaine et de ses attentes, tout en confirmant l’existence de discussions exploratoires entre le Maroc et l’Algérie, avec l’appui des États-Unis.
Une jeunesse «porteuse d’aspirations, non de révolte»
Selon l’agence EFE, M. Yazourh a estimé que «les récentes manifestations observées au Maroc ne sauraient être assimilées aux soulèvements générationnels qui secouent d’autres régions du monde». Selon lui, ces mobilisations traduisent avant tout «les aspirations d’une jeunesse consciente de vivre dans un pays en expansion, désireuse d’y trouver sa place, et non l’expression d’une crise de société».
Le diplomate a souligné que la croissance soutenue du pays a «nourrit chez les jeunes des ambitions plus élevées, mais aussi des attentes sociales plus pressantes». Et d’ajouter qu’il convient de distinguer entre «les manifestants qui expriment pacifiquement des revendications légitimes» et «une frange restreinte aux motivations troubles, parfois sujette à des manipulations extérieures». Pour M. Yazourh, la réponse à ces trajectoires sociales doit passer «par une politique d’écoute et de compréhension réciproque, seule à même de canaliser les énergies de la jeunesse vers des desseins constructifs».
Interrogé sur les critiques assimilant les dépenses du Mondial 2030 à un désengagement social, le diplomate a rejeté toute confusion entre «les grands projets structurants de la nation» et «les politiques sociales, qui demeurent au cœur de l’action publique». Il a néanmoins reconnu «la nécessité d’un dialogue plus constant entre gouvernants et citoyens, afin que les chantiers d’envergure soient compris comme des leviers de cohésion et non comme des privilèges».
Maroc-Algérie : le dialogue en filigrane
Abordant la dimension régionale, M. Yazourh a confirmé que «le Maroc et l’Algérie ont entamé, avec l’appui de Washington, des discussions exploratoires en vue d’un éventuel accord de paix». Il a précisé que Rabat «demeure profondément attaché à la stabilité du Maghreb et à la normalisation progressive de ses relations avec Alger», tout en réaffirmant que «les divergences autour du Sahara continuent de constituer un point de tension majeur».
Le haut responsable a rappelé que «le roi Mohammed VI, à trois reprises, a tendu la main aux autorités algériennes dans un esprit de dialogue sincère et constructif, sans que ces appels n’aient reçu de réponse». Et d’ajouter que «le Maroc reste engagé dans la voie du partenariat stratégique avec les États-Unis, notamment sur les dossiers touchant à la sécurité régionale et à la coopération africaine».
Sur le plan bilatéral, M. Yazourh a enfin salué «le moment d’excellence que connaissent les relations maroco-espagnoles», marquées, selon lui, «par une coordination sans faille en matière migratoire, commerciale et sécuritaire».
Il a rappelé que «le Maroc est désormais le troisième partenaire commercial de l’Espagne hors Union européenne, après les États-Unis et la Chine», un rang qui illustre «la densité économique et la confiance politique unissant Rabat et Madrid».