Affaire Taoufik Bouachrine : Maître Zahrach répond à Abdelhaq Tazi sur la question d’amnistier un condamné pour viol

Le directeur déchu du quotidien Akhbar Al-Youm condamné pour abus de pouvoir à des fins sexuelles, viol et tentative de viol, continue de mobiliser des droits-de-l’hommistes et des naïfs de service pour appeler à sa libération. Dangereuse dérive.

Finies les pratiques de l’arrangement entre les victimes et le prédateur, place aux ripostes «extra-judiciaires».  Abdelhaq Tazi, ancien ministre, invité du forum culturel de l’Agence Maghreb Arabe Presse il y a quelques jours, a étonné l’assistance. Tout en promouvant une représentation de Taoufik Bouachrine sous une forme idéale, il a appelé à sa libération. La manière dont certaines personnalités s’emparent de l’affaire de l’ancien journaliste, la façon dont elle est portée dans les arènes publiques et la nature des tribunes mobilisées sont jugées scandaleuses.

Cette demande, recommandée et téléguidée, est conçue comme une obstruction du regard – ce regard qui est réduit à ne voir que le condamné tout en gommant ses victimes. Ces interventions confirment non seulement la permissivité de la société aux violences sexuelles à l’encontre des femmes, mais aussi le processus infernal qui tend à transformer les femmes victimes d’abus sexuels en coupables pour les rendre invisibles.

Au prix de quel idéalisme forcené est-il possible de réclamer la libération d’un homme condamné pour de graves violences sexuelles ? En première instance, le tribunal l’a reconnu coupable de toutes les charges retenues contre lui et a octroyé aux femmes qu’il a abusées des indemnisations. En appel, sa peine de réclusion criminelle de 15 ans a été assortie d’un total de 2,5 millions de dirhams d’indemnités pour les huit plaignantes.

Abdelfattah Zahrach, avocat des victimes, rappelle que l’affaire de Taoufik Bouachrine se «réfère à des actes outrageants à connotation sexuelle non consentis au cours desquels il y a eu atteinte à l’intégrité de plusieurs femmes, dans son sens le plus fondamental et le plus entier». Il s’indigne de cette tentative «d’infantiliser le condamné» regrettant que Hassan Najmi, «grand défendeurs des femmes» ait intégré l’éventail de ceux qui défendent Bouachrine. L’avocat rappelle que le procès de journaliste-prédateur contient un volet de traite à finalité sexuelle portée en justice.  

Le tribunal, pour accuser ce dernier, s’est reposé sur deux plaintes, trois témoignages à charge et cinquante enregistrements vidéo saisis dans le bureau lors de son arrestation. Les extraits, très explicites, démontrent «des pratiques abjectes», selon les avocats des plaignantes. Une expertise technique menée à la demande du parquet et des parties civiles a également démontré l’authenticité des images.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *