Alger, qui ne craint plus le ridicule, déforme la position italienne sur le Sahara au risque d’une friction diplomatique avec Rome

Lors d’une conférence de presse tenue à Rome mercredi 23 juillet, le président algérien Abdelmadjid Tebboune a affirmé l’existence «d’un soutien commun algéro‑italien au droit du peuple sahraoui à l’autodétermination.» Une déclaration qui contrevient au contenu du communiqué officiel et réveille le spectre d’une falsification politique délibérée. Ni le document publié à l’issue des échanges bilatéraux ni les positions diplomatiques précédemment énoncées par l’Italie ne confirment une telle lecture. Au contraire, plusieurs documents attestent d’une formulation mesurée, conforme à la légalité onusienne et en aucun cas alignée sur les thèses séparatistes.

La presse séparatiste proclame un soutien qui n’existe pas dans les textes

Dans une dépêche publiée sur son site internet, la Sahara Press Service (sps), organe de propagande du Front Polisario, titre en une : «L’Algérie et l’Italie réaffirment leur soutien à l’autodétermination du peuple sahraoui». Cette affirmation, attribuée à une déclaration conjointe, ne figure pourtant dans aucun des documents officiels issus de la rencontre entre Abdelmadjid Tebboune et Giorgia Meloni.

L’usage du mot «autodétermination», pourtant au cœur du lexique éculé du Front Polisario et de ses alliés, est absent du communiqué conjoint, où l’on peut lire : «Concernant le Sahara occidental, les deux parties ont réitéré leur soutien aux efforts de l’envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies, Staffan de Mistura, pour relancer les négociations directes et parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable, conformément aux buts et principes de la charte des Nations unies et aux pertinentes résolutions du Conseil de sécurité.»

Cette rédaction, rigoureusement alignée sur le vocabulaire onusien, reflète un positionnement de neutralité active et non une adhésion à la rhétorique de l’autodétermination.

L’ambassade d’Italie à Rabat avait déjà alerté sur les déformations

Déjà en mai 2023, l’ambassade d’Italie à Rabat avait publié un communiqué officiel (photographie no 2) démentant l’existence de tout lien entre une opération consulaire ponctuelle à Tindouf et une quelconque évolution de sa ligne diplomatique.

Le texte précisait : «L’ambassade d’Italie tient à préciser que cette initiative administrative n’est aucunement liée à la position italienne sur la question du Sahara occidental. L’Italie confirme sa position, telle qu’elle est exprimée dans la déclaration sur le partenariat stratégique multidimensionnel, signée le 1ᵉʳ novembre 2019 à Rabat.»

Rome a réaffirmé, par la même occasion, «le plein soutien italien aux efforts du secrétaire général des Nations unies pour poursuivre le processus politique, en conformité avec les résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies».

Enfin, le document saluait «les efforts sérieux et crédibles menés par le Maroc dans le cadre des Nations unies», formulation que ni Alger ni les relais médiatiques séparatistes n’ont jugé opportun de rappeler.

Une dérive verbale d’Abdelmadjid Tebboune en contradiction avec le document signé

Ce type de distorsion verbale alimente des lectures volontairement erronées, comme celle relayée par la SPS et crée une divergence manifeste entre les propos trompeurs tenus par Abdelmadjid Tebboune et les positions écrites communes. Le choix sémantique du chef d’État algérien engage une lecture politique unilatérale et solitaire, qui ne repose sur aucun fondement diplomatique établi.

Rome maintient une position d’équilibre, sans rupture

Rien, dans les documents disponibles, n’indique un infléchissement italien au profit des thèses séparatistes. La position de l’Italie demeure constante : accompagner les efforts des Nations unies en faveur d’un règlement pacifique, négocié, et «mutuellement acceptable», selon les termes employés.

Le Maroc, dont la proposition d’autonomie bénéficie d’un soutien croissant au sein de la communauté internationale, est reconnu par Rome comme un acteur «sérieux et crédible» dans le cadre des négociations menées sous l’égide des Nations unies.

L’épisode de Rome illustre, une nouvelle fois, à quel point la parole présidentielle algérienne ne recule devant rien pour controuver des engagements formulés par écrit. Une réaction italienne après cet épisode pourrait avoir lieu, estiment les observateurs.

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