Algérie-diplomatie : A. Attaf, partisan de la fermeture des frontières Ouest, bien avant la crise de 1994

Le nouveau ministre algérien des affaires étrangères, Ahmed Attaf, est connu pour être un partisan de la fermeture des frontières entre le Maroc et l’Algérie, durant l’ère de la normalisation des relations diplomatiques entre les deux pays.

L’ancien ministre algérien, qui revient aux affaires après une éclipse de plusieurs années, invoquait comme argument les effets, selon lui, néfastes de la contrebande entre les deux pays, et le trafic de drogue. La contrebande, au début de la décennie quatre vingt dix, était florissante, pour une raison très simple : le marché algérien offrait peu de choses au peuple algérien, dans presque tous les domaines. Les Algériens venaient de découvrir les boissons américaines sur le marché marocain, les jeans, les cigarettes américaines, et autres produits. De l’autre côté, les distributeurs des carburants, sur toute la zone frontalière à l’ouest de l’Algérie, sur une centaine de kilomètres, affichaient, à peine les citernes remplies, l’épuisement du stock. Tout le stock était écoulé au Maroc, via la contrebande. Ce sont les Algériens qui organisaient ce trafic, car ils avaient besoin de devises pour s’acheter d’autres produits au Maroc, y compris les pneus, les fromages, le beurre, les épices, les jus, les fruits…

Ahmed Attaf qui donnait une conférence de presse, au siège du ministère à Alger, avait été interrogé par mes soins, sur le point de savoir s’il partageait l’appel du journal El Watan du même jour, publié à la une, en faveur de la fermeture des frontières. Sa réponse était sèche : oui, en raison du grave préjudice causé à l’économie algérienne. L’ancien secrétaire d’Etat aux affaires maghrébines était donc favorable à la fermeture des frontières, avant leur fermeture effective, lors de la crise de 1994, une occasion qu’il aurait mise à profit pour passer à l’action, en d’autres termes, à la mise en œuvre de ses vœux. Dans plusieurs interviews, Ahmed Attaf, qui avait été ministre des affaires étrangères de 1996 à 1999, s’est montré critique à l’égard des choix politiques et économiques de l’Algérie, notamment «la redécouverte, par temps de crise, de l’Afrique», en donnant l’exemple des performances marocaines en Afrique, dans le secteur bancaire notamment. Il avait même affirmé que des experts internationaux, lors des négociations pour le réajustement en Algérie, lui avaient indiqué que le système bancaire algérien datait du 19 eme siècle. Toutefois, sur la question du Sahara marocain, le nouveau ministre avait affirmé que cette question relevait des Nations unies et que accuser l’Algérie, «c’est lui faire un faux procès».

Je considère personnellement que l’accumulation des échecs de la diplomatie algérienne, face au Maroc, n’est pas liée aux hommes, quelle que soit leur stature, mais au système politique algérien, dont tous, en Afrique et dans le monde, ont découvert la véritable nature, après le massacre de 200 000 algériens et son incapacité à nourrir dignement le peuple algérien, en dépit des recettes immenses générées par les hydrocarbures. Le temps des slogans «révolutionnaires» et des mensonges est révolu. Pas plus que Ramtane Laamamra, diplomate «chevronné», Ahmed Attaf sera confronté à la hiérarchie militaire, et acculé à exécuter son agenda diplomatique.

*journaliste et écrivain

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