Algérie/hirak.. La démission de Tayeb Belaiz  ébranle les plans de l’armée

La démission de Tayeb Belaiz, président du Conseil constitutionnel, réclamée par le hirak algérien, vient compliquer l’équation pour le Général Gaid Salah, qui préconisait une transition légale, après l’éviction tout aussi légale du président Bouteflika. La démission de l’ancien ministre de la justice, ancien ministre de l’intérieur et ancien ministre d’Etat-conseiller du président Bouteflika, complique la transition, et remet à zéro les plans des militaires algériens.

Déjà, les magistrats et plusieurs dizaines de maires ont proclamé le boycott de l’organisation et de la surveillance des élections présidentielles, prévues le 4 juillet prochain, soit la veille de la fête d’indépendance du 5 juillet 1962.   

Le président par intérim du pays, Abdelkader Bensalah, dont le nom fait partie des trois B, dont le départ est réclamé par la foule, acceptera-t-il la démission de Tayeb Belaiz, deuxième B de la liste, car le départ de ce dernier consacrera sans nul doute, l’écroulement de la stratégie légaliste de l’armée. Cette dernière a préconisé, après l’éviction de Bouteflika, lequel avait « démissionné », la proclamation de la vacance de la présidence et son remplacement par le président du Conseil de la Nation pour 90 jours, délai au terme duquel sera organisée l’élection présidentielle. Cette architecture s’est ainsi effondrée, car le président intérimaire ne dispose pas de prérogatives de nomination aux hautes fonctions constitutionnelles. La rue réclame le départ de Abdelkader Bensalah lui-même et l’ancien ministre de la justice, Tayeb Louh.

Tous sont originaires de l’ouest du pays et, disons-le, parlent un arabe classique correct, en raison de leur origine, Tlemcen, capitale culturelle et andalouse de l’ouest algérien. L’instance devant suivre et proclamer les résultats des élections sera en conséquence incapable de remplir ses fonctions, faute de président.Il faut dire que les manifestants réclament le départ de l’ancien système, dans sa totalité, mais l’armée ne prévoit aucune autre piste de sortie en dehors de la transition prévue par la Constitution. Les manifestants, comme les partis politiques de l’opposition, préconisent la mise sur pied d’une sorte de conseil de sages, qui n’auraient pas participé à la gestion des affaires du pays, pour conduire la transition, qui suppose l’amendement de la Constitution, la révision des lois électorales, et l’organisation des élections présidentielles. Or, la transition « légale », telle que prévue par l’armée, reste aux mains de l’ancienne nomenklatura algérienne.

L’armée fait-elle partie des trois B,  même s’il devrait s’agir de G ou de S  ? Les choses semblent se compliquer. L’Algérie s’achemine-t-elle  vers une impasse ? les manifestations hebdomadaires de vendredi, après la prière, restent un indicateur significatif de l’évolution de la situation. Les manifestants ne fournissent jusqu’à présent aucune alternative. Il est vrai que leurs exigences renvoient directement à une impasse institutionnelle et constitutionnelle. Vont-ils enfin acculer l’armée à prendre les commandes du pays, comme au Soudan ?
*journaliste et écrivain

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