Algérie : le collège autoritaire des prétoriens impose son omnipotence (universitaire algérien)

Le mode de gouvernance en Algérie est centré sur la centralité de l’armée, l’autoritarisme, la fraude électorale et la répression, a dénoncé l’universitaire algérien, Mohamed Maiz.

Il s’agit d’un «système issu des rivalités qui ont éclaté à l’indépendance et des atavismes d’un mode de gouvernance centré sur la centralité de l’armée, l’autoritarisme, la fraude électorale et la répression», a ajouté le chercheur dans une contribution intitulée «la dérive du bateau ivre», publiée par le journal Liberté.

Il souligne que la crise politique actuelle, la déliquescence de l’Etat et des mœurs politiques et la faillite économique sont les conséquences, directes, de la dégénérescence d’un système, taillé sur mesure, aux dimensions de l’appétit de pouvoir des putschistes.

Inhérents à la nature du système, aux conditions de son émergence et de sa reproduction, l’impact nocif et bloquant de ces lourds fléaux n’autorise aucune perspective d’évolution rassurante, fait observer l’universitaire.

Il souligne l’impératif d’un changement radical, relevant que le socle politico-institutionnel du système, ainsi que ses mécanismes de fonctionnement, sous le vernis du multipartisme, d’une conception de la gouvernance renvoient, par plusieurs aspects, aux «caractéristiques autocratiques des régimes de démocratie populaire».

Il fait savoir que quelque 60 ans de gestion, sous ce régime, ont conduit le pays au bord de l’effondrement.

Le maintien de ce système par le recours au passage en force pour contourner le rejet unanime par le peuple et contrer son abstentionnisme électoral massif revient à acter la mort de tout espoir d’extirpation du cycle, récurrent, des crises politiques, de l’instabilité sociale et de la stagnation dans le sous-développement, estime-t-il.

Il relève que rien ne sera possible sans une réforme prioritaire de la gouvernance, en tant que redéfinition, consensuelle et conforme aux normes universelles de la démocratie, de la nature du système à mettre en place.

La résilience des régimes, impopulaires, et leur gestion répressive de la demande démocratique du peuple expliquent, pour beaucoup, la violence des ruptures, note le chercheur, ajoutant qu’innovant par rapport à cette donnée, le pacifisme et le civisme dont a fait preuve l’élan citoyen, sont le témoignage d’une sage résolution, refusant la confrontation des antagonismes.

Il constate que l’urgence, vitale, de sortir du piège des méfiances, réciproques, des suspicions gratuites, de traîtrise, des quiproquos et des manœuvres politiciennes n’a pas été évaluée, à son juste niveau de dangerosité, par le pouvoir.

«Obnubilés par la survie du système, transmis comme un butin de guerre entre les pouvoirs successifs, les centres de décision, qui veillent à sa pérennité, se révèlent dans leur dommageable inaptitude à admettre, dans l’intérêt national, bien compris, la fin d’un mode de gouvernance qui a produit l’échec», regrette-t-il.

Ignorant les appels à mesurer le péril, induit par la prolongation de la durée de vie d’un système, défaillant, dans sa mission de construction nationale, les décideurs, droits dans leurs bottes, foncent, au pas cadencé, dans leur objectif de parachèvement d’un processus de renouvellement des institutions qui reconduit, après un ravalement de façade, et à l’identique, les mêmes fondamentaux, conceptuels et fonctionnels, qui ont conduit à la dérive, met-il en garde.

Il estimé que le système, arrivé à son terme et devant la nécessité vitale à son maintien de renouveler son personnel politique, « se trouve, désormais, être confronté à un effet pervers qui est celui de son incapacité à endiguer l’ampleur de la spirale de la «médiocrisation» rampante, des fonctions institutionnelles, exécutives et électives ».

Au vu de la répression, inouïe, qui s’abat sur les opposants politiques au processus en cours, il est clair que le système, désormais en position de force, suite à la démassification du mouvement citoyen, n’entend rien changer à sa démarche à la hussarde, dénonce-t-il.

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