Armes chimiques dans la guerre du Rif : un parti catalan appelle Madrid à dédommager le Maroc

L’Espagne est accusée d’avoir employé contre le Rif des armes chimiques –du gaz moutarde, également appelé ypérit– fournies par l’Allemagne, obligeant les insurgés marocains à rendre les armes.  

Le parti Esquerra Republicana de Catalunya (ERC, Gauche républicaine de Catalogne, un parti politique indépendantiste catalan de gauche créé en 1931) a déclaré, lors des discussions relatives à la loi sur la mémoire démocratique débattue ce jeudi au Congrès, considérer que l’Espagne devrait s’excuser pour la guerre du Rif, qui a fait près de 10 000 morts dans le camp des Marocains, 2 500 morts côté français (dont 261 officiers) et plusieurs milliers chez les Espagnols.

C’est ce que le parti catalan a demandé dans un amendement à cette loi dans lequel il réclame d’ajouter une disposition spécifique sur la «reconnaissance des responsabilités de l’État espagnol et la réparation des dommages résultant de l’utilisation d’armes chimiques dans le Rif», selon des sources espagnoles.

«Le gouvernement reconnaîtra la responsabilité de l’État pour les actions militaires menées par l’armée espagnole contre la population civile du Rif par ordre de sa plus haute autorité, le roi Alphonse XIII, au cours des années 1922-1927», lit-on dans la préambule de l’amabdement.

Le chef du parti, Gabriel Rufián, a exigé de l’Espagne de créer des unités contre le cancer dans le Rif en raison de ce qui s’est passé entre 1922 et 1927. M. Rufián, qui a signé l’amendement, demande que des actes de «réconciliation, de fraternité et de solidarité avec les victimes, leurs descendants et l’ensemble de la communauté rifaine soient organisés et tenus». Il demande également que «d’éventuelles compensations économiques individuelles qui pourraient être réclamées pour les dommages causés» soient étudiées.

Le point 7 précise que l’État espagnol contribuera à la «réparation des dommages collectifs, à la compensation de la dette historique à travers une activation et une augmentation des plans de coopération économique et sociale dirigés vers tous les territoires du Rif».

De son côté, ERC estime que «dans le cadre de la coopération internationale, l’État dotera les hôpitaux du Rif, et notamment ceux des provinces de Nador et d’Al Hoceima, de formations sanitaires spécialisées dans le traitement du cancer, ce qui contribuera à réduire les pourcentages élevés de maladies cancérigènes».

Le parti de Rufián demande également qu’un article soit ajouté à la loi pour «reconnaître le combat pour la démocratie des guérilleros antifranquistes. ERC exige également que des compensations financières et des prestations sociales soient accordées à ceux qui appartiennent à ces groupes». En outre, il considère que «le travail des guérilleros antifranquistes contre la dictature et en faveur du rétablissement de la légalité démocratique doit être reconnu».

Le parti indépendantiste catalan préconise également l’inclusion de 11 dispositions supplémentaires dans la loi sur la mémoire démocratique pour la célébration de différents jours d’hommage.

Au total, 11 hommages différenciés devraient être rendus pour se souvenir de ces victimes : personnes persécutées pour les droits des nationalités, personnes fusillées, emprisonnées, femmes, exilées ou exilées, les membres de la guérilla anti-franquiste, les victimes du travail forcé, celles représailles pour leur orientation sexuelle, les organisations interdites, la communauté rom et les fonctionnaires victimes de représailles.

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