Les producteurs marocains de blé tendre s’inquiètent pour l’écoulement de leur récolte alors que le pays prévoit une augmentation notable de sa production céréalière cette année. Les minoteries industrielles semblent privilégier le blé importé, qu’elles estiment plus conforme à leurs exigences qualitatives, au détriment de la production nationale.
Le ministère de l’agriculture, de la pêche maritime, du développement rural et des eaux et forêts a récemment annoncé une récolte céréalière globale de 4,4 millions de tonnes, en hausse de 41 % par rapport à l’an dernier. Ce volume dépasse les prévisions de Bank Al-Maghrib, qui anticipait 3,5 millions de tonnes en mars. Cette embellie résulte principalement des précipitations tardives qui ont apporté un répit à une agriculture durement affectée par sept années consécutives de sécheresse.
Malgré cette amélioration, de nombreux agriculteurs craignent de ne pas pouvoir vendre leur production à un prix équitable. Le blé tendre, qui représente environ 80 % de la consommation céréalière du pays, souffre régulièrement d’un rejet de la part des moulins qui pointent sa qualité jugée inégale.
Le gouvernement devrait prochainement fixer un prix de référence pour le blé tendre, censé garantir un minimum pour les producteurs. En 2024, ce prix avait été établi à 280 dirhams par quintal, mais sa mise en application dépend largement du rapport de force entre cultivateurs et industriels.
La production nationale, bien qu’en augmentation, reste insuffisante pour couvrir les besoins estimés à cinq millions de tonnes nécessaires à la fabrication de farine. Cette situation pousse le Maroc à maintenir une politique d’importation soutenue par des subventions, afin de préserver la stabilité du prix du pain, produit essentiel dans l’alimentation des ménages.
Pour répondre à ces défis, plusieurs propositions ont émergé, dont la limitation des variétés de blé cultivées, l’amélioration des techniques d’irrigation et la mise en place de réseaux de distribution plus efficaces. Ces réformes viseraient à réduire la dépendance vis-à-vis des importations tout en renforçant la compétitivité du blé local.
Le Maroc reste néanmoins confronté à des contraintes climatiques croissantes, nécessitant des initiatives ambitieuses pour garantir la sécurité alimentaire et assurer un soutien durable aux zones rurales.