L’Office de la formation professionnelle et de la promotion du travail (OFPPT), dirigé par Loubna Tricha, a publié un communiqué au ton mesuré mais ferme, rejetant toute responsabilité dans les retards de versement des bourses allouées aux stagiaires et mettant en lumière la lenteur administrative de la tutelle de Younes Sekkouri, ministre de l’inclusion économique, de la petite entreprise, de l’emploi et des compétences. Selon l’OFPPT, «ces propos s’écartent sensiblement des données objectives et vérifiables», les dysfonctionnements évoqués ne relevant nullement de son ressort. L’établissement souligne qu’il «assure la gestion des bourses depuis 2017 dans le cadre d’un accord explicite et consenti avec la tutelle», et qu’il «veille constamment à garantir la régularité du versement des allocations à l’ensemble des bénéficiaires». Il précise encore que «l’envoi des listes des nouveaux stagiaires, leur validation par le ministère, le financement des bourses, leur versement par les établissements bancaires partenaires et la réception des réclamations constituent un enchaînement de cinq étapes strictement encadrées», rappelant qu’il «a toujours agi dans le respect des délais impartis et selon des modèles validés par la tutelle».
Retards budgétaires et tension financière
Dans son communiqué, l’OFPPT met clairement en cause les lenteurs budgétaires de la tutelle. L’institution relève que «la véritable origine des lenteurs observées provient du décalage récurrent des transferts budgétaires effectués par le ministère». Entre 2018 et 2022, «les financements ont accusé des retards notables, obligeant l’OFPPT à recourir à ses propres ressources pour maintenir la continuité du versement des bourses». Au total, «l’OFPPT a versé près de 968 millions de dirhams au titre de la période 2017-2025, dont 296 millions issus de sa trésorerie, couvrant environ 30 % du montant global». L’organisme public indique avoir «adressé de manière répétée des correspondances officielles à la tutelle pour hâter la validation des listes de bénéficiaires», tout en observant qu’«à ce jour, de nombreuses plaintes de stagiaires éligibles demeurent sans réponse». Ces lenteurs, affirme-t-il, «ne sauraient en aucun cas lui être imputées, puisqu’elles relèvent exclusivement de la responsabilité ministérielle».
L’OFPPT déclare qu’il «refuse catégoriquement d’être associé à des dysfonctionnements étrangers à son champ d’action» et qu’il «exerce ses missions dans une transparence absolue et un strict respect des règles financières et administratives». L’institution rejette également «le terme d’“arrachement” employé pour désigner le transfert de la gestion des bourses à une autre entité», estimant qu’il «reflète une interprétation erronée des faits». Elle rappelle qu’elle «demeure un acteur essentiel au service de la jeunesse marocaine» et que «les difficultés conjoncturelles ne doivent nullement entacher l’image d’une institution nationale reconnue pour son sérieux et son dévouement».
Projets stratégiques entravés par des lenteurs administratives
Dans la même déclaration, l’OFPPT attire l’attention sur «les retards répétés dans la tenue des conseils d’administration et la validation des budgets annuels», précisant qu’ils «freinent l’exécution des projets majeurs, notamment ceux liés à la feuille de route pour le développement de la formation professionnelle». L’institution note qu’«en 2025, quatre mois se sont écoulés entre la validation du budget et la réception effective des fonds, soit un décalage de sept mois depuis le début de l’exercice financier». Elle ajoute qu’«en dépit de ces obstacles, la mise en œuvre du programme des Cités des métiers et des compétences a pu se poursuivre grâce à l’intervention du ministère des Finances et à l’appui du chef du gouvernement».
Grâce à ces appuis successifs, «le réseau des Cités compte désormais dix établissements opérationnels répartis notamment entre Marrakech-Safi, Guelmim-Oued Noun et Dakhla-Oued Eddahab, sur un total prévisionnel de douze structures». Ces résultats, observe l’OFPPT, «illustrent la continuité de l’action malgré les contraintes, et traduisent la volonté constante de maintenir le cap fixé par la stratégie nationale de formation».
Un engagement constant envers la jeunesse et l’emploi
Malgré les difficultés évoquées, l’OFPPT affirme «poursuivre ses efforts aux côtés de la tutelle afin d’assurer la bonne exécution des programmes et la réalisation des objectifs nationaux relatifs à la qualification et à l’emploi des jeunes». L’institution rappelle que «sa mission première demeure la promotion des compétences professionnelles et le soutien au marché du travail», ajoutant qu’elle «continuera d’agir avec rigueur, loyauté et responsabilité envers l’ensemble de ses partenaires institutionnels».
Elle conclut en réaffirmant que «la coopération entre l’OFPPT et le ministère doit reposer sur une définition claire des rôles et une reconnaissance mutuelle des responsabilités, dans l’intérêt des stagiaires et du développement national». Par ce ton à la fois précis et mesuré, le communiqué de l’OFPPT, signé sous la direction de Loubna Tricha, marque un rare moment de fermeté institutionnelle à l’égard de la tutelle dirigée par Younes Sekkouri, et met en lumière les tensions qui traversent le secteur de la formation professionnelle à la veille d’importants arbitrages budgétaires.