Don d’organes, un casse-tête social et médical

Face à de nombreux patients en attente de greffes, médecins et chirurgiens se confrontent à une énorme difficulté : celle d’une pénurie d’organes. En dépit des campagnes de sensibilisation et d’un appareil législatif et juridique mis en place au cours des dernières années, le processus de donation d’organes ne progresse pas dans les esprits.

L’organisation du don d’organes n’est pas en passe de gagner en familiarité. Selon Amal Bourquia, néphrologue et présidente de l’association «Reins», seules 700 personnes ont fait don de leurs organes à Casablanca durant les deux dernières décennies.

Les listes d’attente s’allongent partout, et nombreux sont les malades qui souffrent en attente d’un organe susceptible de les sauver. Alors que les prises de position des décideurs, des institutions et des professionnels lancent un appel accru à l’altruisme, c’est-à-dire au don d’organes, le registre  – introduit en 2000, en vigueur à présent– compte quelque 676 personnes uniquement au niveau de la métropole depuis l’an 2000 a déclaré Mme Bourquia à l’occasion de la Journée mondiale du don d’organes et de la greffe, célébrée le 17 octobre de chaque année. Tout en insistant sur le fait que le don d’organes touche à la vie et à la mort et revêt de ce fait la dimension d’un acte primordial, elle indique que le premier registre mis à disponibilité à Casablanca renferme les noms de 476 personnes qui se sont portées volontaires pour faire don de leurs organes. Un second registre a été établi en 2018, comptant 200 nouveaux volontaires.

Au Maroc, la littérature sur le don d’organes tend à faire émerger une conception négative de la dette. Le texte de la loi insiste sur la primauté de la personne et de sa dignité, de l’inviolabilité du corps humain, et l’interdiction de faire de ses éléments l’objet d’un droit patrimonial. Cela dit, elle approuve le don d’organes comme un acte désintéressé, sans en attendre aucun profit. Il s’agit d’un don qui s’oppose au mercantilisme, au marché dominé par des individus calculateurs, rationnels et égoïstes. Sa gratuité évoque le sens religieux du sacrifice. Il s’agit bien de la version chrétienne du don.

Pour rappel, la législation marocaine proscrit toute idée de gain monétaire de la part des donateurs, et toute relation marchande, dans ce domaine, sous une forme ou une autre, ne saura être à l’œuvre. Aussi, tout donneur tout en jouissant du principe d’anonymat, doit-il de son vivant s’inscrire sur le registre auprès du tribunal de première instance de la région où il réside.

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