Espagne : Pedro Sánchez vainqueur affaibli, percée de l’extrême-droite

Le Premier ministre socialiste sortant Pedro Sanchez a remporté dimanche les quatrièmes législatives en quatre ans en Espagne mais, affaibli, n’a pas amélioré ses chances de gouverner alors que le parti d’extrême droite Vox est devenu la troisième force politique du pays, à la faveur de la crise catalane.

Après le dépouillement de près de 100% des bulletins de vote, le Parti socialiste (PSOE) de M. Sanchez, qui espérait obtenir une majorité claire pour mettre fin au blocage politique qui mine le pays depuis 2015, ne compte plus que 120 députés contre 123 après le précédent scrutin, en avril. Vox, formation ultranationaliste et anti-immigration entrée au parlement en avril avec 24 élus, a poursuivi son ascension fulgurante et remporté 52 sièges.  Elle devient ainsi la troisième force politique d’un pays où l’extrême droite était, avant son irruption, marginale depuis la fin de la dictature de Franco (1939-1975).

Mais Podemos, la gauche radicale qui avait grimpé encore plus vite que Vox, a regretté que ce parti soit « devenu une des extrêmes droites les plus fortes d’Europe ». Le résultat a d’ailleurs été salué par les leaders d’extrême droite français Marine Le Pen et italien Matteo Salvini. Les conservateurs du Parti populaire (PP, 88 sièges) ont eux redressé la barre après le pire résultat de leur histoire en avril (66 sièges) tandis que la gauche radicale de Podemos a perdu sept députés (35 contre 42 en avril) et que les libéraux de Ciudadanos se décomposent et tombent de 57 à 10 députés. 

Le parlement est une fois de plus bloqué, comme il l’est depuis la fin du bipartisme PP-PSOE en 2015 avec l’arrivée de Podemos et de Ciudadanos. Ni un bloc de gauche (PSOE, Podemos et sa liste dissidente Mas Pais) ni une alliance des droites (PP, VOX et Ciudadanos) n’atteignent la majorité absolue de 176 sièges sur 350. Cependant au total les partis de droite qui prônaient tous une politique dure contre les séparatistes catalans n’ont progressé que de trois sièges, en raison de la déroute de Ciudadanos. 

En face, les partis indépendantistes catalans ont consolidé leur représentation: à trois, ils totalisent 23 sièges (contre 22 en avril) sur les 48 qui étaient en jeu en Catalogne. Le résultat de dimanche augure d’une poursuite de l’instabilité politique. Antonio Barroso, analyste du cabinet Teneo, entrevoit deux voies, toutes deux difficiles, pour former un gouvernement. 

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