Ferhat Mehenni : «Ce dont nous souffrons en Kabylie, c’est le terrorisme de l’État algérien. En plus de nous brûler, le régime nous tue»

Ce que l’Occident devrait retenir est que le régime algérien, qu’il soit incompétent, menteur ou comploteur, n’est digne d’aucune confiance, a affirmé Ferhat Mehenni, militant indépendante kabyle exilé en France.

Le président du mouvement kabyle indépendantiste MAK basé à Paris, Ferhat Mehenni, a dénoncé jeudi 16 septembre «l’obsession» du pouvoir algérien à qualifier l’organisation de terroriste, et s’est interrogé sur les motifs ayant poussé la France à ne pas s’exprimer sur les «crimes» du régime algérien. Il a affirmé pour la première fois son envie d’ouvrir un comité au Maroc. «Nous avons envoyé une demande pour créer une antenne diplomatique kabyle au Maroc. Nous espérons que la société civile marocaine nous sera d’une grande aide dans ce sens» a-t-il déclaré lors d’une intervention audio organisée par le compte Twitter Incidences.

M. Mehenni a affirmé aussi son ouverture au dialogue. «Nous sommes des gens de dialogue mais il y a des principes sur lesquels nous sommes intransigeants». Il a indiqué que «les détenus Kabyles sont torturés dans les prisons algériennes avec des méthodes stalinistes et nous avons saisi Amnesty et réclamé une commission d’enquête pour maltraitance.»

«Le MAK n’est pas une organisation terroriste et ne commettra jamais d’actes de violence. Si violence il y a ce ne pourra être que le fait des services algériens criminels», a-t-il mis en garde. La police algérienne a annoncé ces derniers jours avoir arrêté une cinquantaine de personnes soupçonnées d’appartenir au MAK. Ces personnes ont été interpellées dans le cadre d’une affaire d’«atteinte à l’unité nationale, d’atteinte à l’ordre public et d’incitation à un attroupement», car elles sont soupçonnées d’appartenir au Mouvement pour l’autonomie de la Kabylie (MAK), ont indiqué les autorités dans un communiqué.

En avril, le MAK, déjà illégal en Algérie, avait été accusé par le pouvoir algérien de projeter des attentats contre les marches du mouvement pro-démocratie du Hirak et d’avoir attisé les feux de forêts en août. «Infâme et indécent», s’est emporté M. Mehenni, n’excluant «aucune hypothèse» pour lutter contre le régime. Dans la foulée, les autorités algériennes l’ont classé comme «organisation terroriste», ainsi qu’un mouvement islamo-conservateur, Rachad, également basé à l’étranger.

«La Kabylie martyrisée, souillée par tant d’humiliations, a besoin de son propre État pour assurer son existence et celle de son environnement. Seule une Kabylie indépendante est en mesure de garantir sur son territoire, voire au-delà, la sécurité de la population dont le voisinage occidental a tant besoin» a déclaré M. Mehenni.

Il a également dénoncé la fausse image que le régime algérien fait propager sur le MAK et le Kabyle et encensé de «démarches miraculeuses» du Maroc pour sa prospérité. Il a également évoque les plans «diaboliques» du régime algérien. «L’opération 0 Kabyle a été rendue publique lors d’un séminaire à Mostaganem du 18 au 20 août 2019 et c’était au moment où le Hirak était à son apogée donc il fallait trouver une solution pour casser la dynamique et remonter les Algériens les uns contre les autres. C’est une opération qui a été lancée en premier lieu au temps de l’ancien président Bouteflika pour dékabyliser les institutions politiques et économiques. Cela s’assimile à un génocide pratiqué par les institutions de l’armée algérienne. 0 Kabyle est une épuration ethnique, une éradication pure et dure», a déclaré M. Mehenni.

L’indépendance ? «La Kabylie est dynamique, industrieuse. Je veux investir dans la recherche, l’université, l’intelligence artificielle. Créer des pôles d’excellence pour une Kabylie utile pour l’humanité» a souligné M. Mehenni. Les autorités algériennes espèrent obtenir l’extradition du chef du Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK), qui vit en France sous le statut de réfugié depuis une vingtaine d’années.

«La violence et la pression mènent à la radicalisation de la jeunesse. Nous demandons à la France de dénoncer les arrestations arbitraires, les feux déclenchés par les militaires. Nous ne comprenons pas cette attitude de déguiser les crimes du régime algérien» a-t-il rapporté.

«Plusieurs ONG commencent à se rapprocher de nous», a-t-il reconnu. «La violence du régime algérien pourra embraser toute la région. J’ai adressé un courrier à l’Union africaine sans recevoir de réponse»

«Ce dont nous souffrons en Kabylie, c’est le terrorisme de l’État algérien. En plus de nous brûler, ils nous tuent» a tonné le dirigeant indépendante. «Nous avons contacter la Ligue arabe» a-t-il signifié.

«La France a perdu la main dans la région. Elle n’a pas eu une stratégie de maintien de son influence» a conclut M. Mehenni. Né dans le sillage du «Printemps kabyle» de 2001, le MAK est accusé par les autorités algériennes d’avoir des visées «séparatistes». La Kabylie est une région berbérophone du nord-est de l’Algérie traditionnellement frondeuse vis-à-vis d’un Etat très centralisé qui s’est radicalisé sous l’ère de Tebboune. Elle est l’un des fiefs du Hirak.

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