«Free Hugs »: Pourquoi les câlins n’ont pas eu lieu à Rabat?

Le 8 août dernier, à Rabat, personne n’a répondu présent à l’appel des «Free Hugs» (étreintes gratuites). Un appel qui semblait pourtant très fédérateur sur les réseaux sociaux. Hajar El Haloui, l’initiatrice, nous livre sa version des faits.

Mercredi 8 août, une rencontre baptisée « Free Hugs » été prévue au Jardin des Oudayas. L’événement était devenu viral. Partagé dans plusieurs groupes, il a fait une tollé sur Facebook, entre ceux qui saluaient l’initiative et ceux qui criaient à la promiscuité.

Après l’appel lancé sur Facebook pour se réunir et s’offrir des câlins entre amis ou inconnus, l’annonce s’est largement répandue sur les réseaux sociaux. 223 personnes ont confirmé leur participation à la rencontre, alors que le nombre d’intéressés comptait plus de mille personnes.

Et pourtant, malgré la grande diffusion, l’événement n’a pas eu lieu. Nous étions au rendez-vous et nous l’avions constaté sur place, pas un écriteau ou même une banderole. Aucun participant n’était présent à la porte des Oudayas. Un silence qui contredit l’activité sur Facebook.

Surpris de voir un tel événement, qui s’est pourtant répandu comme une traînée de poudre sur Facebook, échouer, nous avons décidé d’aller à la rencontre de Hajar El Halwi, organisatrice du « Free Hugs » de Rabat.

La jeune marocaine s’est installée à Bilbao après y avoir achevé ses études supérieures. Elle travaille actuellement dans le domaine associatif et oeuvre principalement dans le militantisme féministe au sein d’une ONG espagnole. Elle nous a révélé l’idée derrière « free Hugs », ses motivations et ses objectifs.

Outre ses intérêts pour les libertés individuelles, Hajar se sent aussi concernée par l’image du Maroc en général et celle des Marocains résidents à l’étranger en particulier. C’est le raz-le-bol des clichés sur le Maroc qui lui a inspiré l’idée d’organiser ce meeting à Rabat.

« Quand je parle du Maroc, la majorité des Européens ne connaissent que Marrakech ou au plus Casablanca. Ils ne connaissent pas Rabat, sachant que c’est la capitale. J’ai donc voulu organiser cet événement particulièrement à l’Oudaya pour faire connaître ma ville et son patrimoine« , déclare-t-elle.

Elle voulait à tout prix montrer à travers ce meeting que « le Maroc ne compte pas que des harceleurs et des arnaqueurs comme le pensent certains touristes européens. ». « Je tenais à mettre à bas ces stéréotypes en faveur de l’image d’un pays libre et civilisé. » insiste-t-elle.

Elle décide donc de « leur montrer qu’une fille peut venir seule au Maroc sans avoir peur de se faire harceler ou agresser. Ceci devait se faire à travers la diffusion de l’image d’un pays civilisé en mettant en avant une jeunesse ouverte et épanouie capable de se serrer dans les bras les uns des autres sans que cela ne dérange personne« .explique-t-elle.

Naturellement, les premiers préparatifs se sont fait entre amis. En effet, Hajar avait commencé avec l’idée d’inviter son cercle d’amis et de connaissances. Tout se passait comme prévu, selon elle, jusqu’à ce que le programme ne soit repris par des groupes secrets sur Facebook et qu’il ne devienne viral. « Au début les choses avançaient normalement. Je trouvais un ou deux intéressés par jour et je m’approchais de mon objectif qui était de réunir une vingtaine ou une trentaine de personnes que je connais« , nous confirme la jeune femme, en ajoutant  » j’ai été choqué quand j’ai vu le nombre qui a soudainement commencé à devenir énorme, et les problèmes ont commencé« .

La jeune femme, également militante féministe dans une ONG espagnole, avoue s’être fait harceler et insulter par des groupes qui ont très mal pris son initiative. « On partageait l’événement dans des groupes secrets, puisque je ne voyais pas où est ce qu’il était publié. J’ai commencé à trouver des commentaires très déplacés et des moqueries de la part d’hommes principalement« .

Elle affirme que ces personnes ont vu en ce rassemblement « une débauche » et le reprenaient de sorte à en déformer l’idée et de faire passer cela pour une incitation à la dépravation. « Tout ceci a fait passer à mes autres amis l’envie de participer« , confie-t-elle, avant d’ajouter, l’air déconcertée « moi même j’ai eu peur de l’ampleur que prenaient les choses, alors je comprends que les gens intéressés aient abandonné le groupe« .

Au final, Hajar repart en Espagne cette semaine, persuadée qu’elle ne tentera plus jamais un événement de la sorte « je pourrai rassembler mes amis proches, mais plus jamais je ne ferai de groupe public sur Facebook« .

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