Khalil Hachimi Idrissi, l’homme des billets bleus

Muni d’un diplôme de géographie obtenu à Paris, cet aoutien de l’année 1956 amoureux transi des lettres françaises, rentre au Maroc. C’est à Casablanca qu’il rencontre Mohamed Selhami, journaliste avéré de formation et de carrière, qui le prend sous son aile au début des années 90. Il est à bonne école. Les rouages de la presse, Selhami les connaît sur le bout des doigts. Diplômé de l’Institut français de presse (IFP) et de l’École supérieure de journalisme de Paris, Ii travaille tour à tour à L’Équipe et France-Football (1973-1977) Radio France internationale et Jeune Afrique (de 1977 à 1991), avant de fonder Maroc Hebdo, à Casablanca, en 1991. Mohamed Selhami est également cofondateur de la Fédération marocaine des éditeurs de journaux (FMEJ) et de l’OJD-Maroc (Office de justification de la diffusion). Il est, en outre, membre du Conseil National de la Presse. C’est dire que l’architecture des organes de presse, des régulateurs des médias, et les profils des journalistes professionnels, n’ont aucun secret pour lui. 

Selhami voit en Khalil Hachimi, qui se cherchait encore la quarantaine bien entamée et qui aimait, en ce temps déjà, argumenter ses discours à grands renforts de citations d’auteurs et de hauts placés français, celui qui saura reproduire en l’agrémentant de formules littéraires, ce que voulait feu Driss Basri. Car à cette époque, Basri était le puissant ministre de l’Intérieur et de l’Information ; une double casquette qu’il portera de 1985 à 1993. Une fois le ministère de l’information dissout au profit de la communication, Basri l’omnipotent gardera ensuite un œil sur nombre de directeurs de publication et rédacteurs en chef, qu’il convoque au gré de ce qu’il veut leur distiller.. Khalil Hachimi développera ses talents de communicant à Maroc Hebdo jusqu’à la fin de l’ère Basri en novembre 1999. Car il excelle dans la discipline quand il est encadré. Ce n’est pas le sacerdoce mais plutôt le besoin d’appartenance à une congrégation qui l’anime. La confrérie des compagnons de Gutenberg remplira une part de cette exigence qui est en lui : celle du scribe. Il lui manquera celle corollaire aux médias : être connu et pour les plus chanceux, reconnu.  Il tentera de voler de ses propres ailes à Aujourd’hui le Maroc qu’il dirige pour le compte de grands fortunés de la place. Des dissensions avec le management mettront une fin à sa collaboration au quotidien. 

Il multipliera, dès lors, les rencontres et les contacts qu’il charme de la verve dont il ne se départit jamais. Il faut dire que Hachimi aime entrer en scène en clamant des vers. Il en écrit certains. Il le dit lui-même :  « L’écriture poétique est pour moi un exercice physique dont la matière première est soi-même ». Il commencera par « Billets bleus » en 2005 en référence à une rubrique qu’il animait à Maroc Hebdo, mais surtout qui évoque le recueil « Poèmes ironiques billets bleus »  d’’Emile Goudeau, auteur français du 19eme siècle. L’usage du même titre veut certainement rendre hommage au poète, journaliste et romancier français, trois casquettes auxquelles Hachimi a toujours aspiré. Suivre la trace des maîtres de l’information et du verbe, voilà un défi que relèvera l’homme des billets bleus. 

Il est finalement nommé directeur général de la MAP, une institution dans laquelle ses talents de communicant bourgeonnent. Il y fait éditer des revues, glossaires de personnalités qu’il consacre et y multiplie les produits de communication. Il suffit de se connecter à la plateforme mapexpress.ma pour s’en rendre compte immédiatement : des pop-up, pop under, bannières, interstitiels, flashes transparents, le communicant a trouvé le site idéal pour communiquer là où ses prédécesseurs n’ont fait qu’informer. Si « la valeur n’attend point le nombre des années » est une citation essentiellement déclamée pour viser la jeunesse, elle ne s’y limite pas. Khalil Hachimi Idrissi prend  sa mission de dirigeant de l’information institutionnelle à cœur pour engager la MAP dans toutes sortes de nouveaux supports à même de mettre en valeur ses activités personnelles et ses plaidoyers pour l’écrit, l’imprimé et l’édité.

Hélas, comme l’homme peut se perdre en chemin, Hachimi s’est oublié dans sa passion de titiller celui-ci, glorifier celui-là, critiquer l’autre… Ce qui a pu faire rire le dimanche au café du quartier en lisant naguère sa rubrique dans Maroc Hebdo, fait grincer des dents ceux qui cherchent dans l’agence officielle de l’Etat, une information institutionnelle sans prédisposition partisane et sans guéguerre personnelle, sur le fil et dans les livres que la MAP édite à son compte pour la gloire et les inimitiés et amitiés personnelles de son directeur général. 

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