Les conserveurs français alertent sur un manque imminent de sardines sauvages, dont la ressource provient pour l’essentiel des eaux marocaines. Cette raréfaction, imputée aux aléas climatiques et à la surpêche, menace d’entraîner une flambée des prix sur le marché européen.
Selon le Journal du Dimanche (JDD), «toutes les enseignes alimentaires sont concernées, d’Auchan à Intermarché». Les rayons de sardines en conserve se vident depuis plusieurs mois, touchant «les gammes de premier prix» en priorité. Les distributeurs constatent une disparition rapide de ce produit très prisé des consommateurs français, riche en oméga 3 et en vitamine D.
Les industriels expliquent que «la grande majorité des sardines consommées en France vient des eaux marocaines, avant d’être expédiées vers les conserveries bretonnes». Ces pêcheries, frappées par «des conditions climatiques extrêmes et la migration des bancs vers des zones plus profondes», peinent à maintenir les volumes habituels.
Une source proche du secteur indique que «le Maroc, premier fournisseur, a vu ses captures diminuer de près de 40 % entre 2022 et 2024», en raison du réchauffement de la surface atlantique et de le tarissement du plancton.
Vers un doublement du prix de la boîte
Le président de la Confédération des conserveurs de poissons, Christian Racle, avertit que «le prix du kilo de sardines pourrait doubler si la situation perdure». Chaque année, la France transforme «environ 20 000 tonnes de sardines, dont la majorité provient du Maroc et du Portugal».
Les pêcheurs français, déjà confrontés à «une baisse de rendement de 50 % dans certaines zones du golfe de Gascogne», redoutent d’être durablement affectés. Les conserveries bretonnes, telles que Chancerelle ou Gonidec, évoquent «des stocks en voie d’épuisement». Pour pallier le manque, certains acteurs envisagent d’importer des sardines d’Amérique du Sud, mais ces dernières sont jugées «moins savoureuses et moins riches en acides gras essentiels».
Les professionnels rappellent enfin que «la sardine constitue un marqueur culturel et gastronomique français», regrettant que «la dépendance accrue aux eaux marocaines ait fragilisé la filière». Les experts de l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer) appellent à «une meilleure régulation des captures et à une coopération renforcée avec le Maroc» pour préserver cette ressource essentielle.

