Le ministre délégué auprès du chef du gouvernement chargé de l’administration de la défense nationale, Abdeltif Loudiyi, a présenté devant la commission parlementaire des affaires étrangères, de la défense nationale et des affaires islamiques la proposition budgétaire militaire pour l’exercice 2026, en détaillant des volumes financiers précis, des programmes en cours, des chantiers d’infrastructure et des opérations d’équipement destinées aux forces armées.
D’après son exposé, reproduit par la presse nationale, «la dotation militaire pour 2026 atteindra 73 milliards de dirhams contre 69,7 milliards en 2025, soit une progression de 3,3 milliards de dirhams, représentant une augmentation de 4,8 %». Il a précisé que «cette hausse n’a qu’un effet arithmétique sur la comptabilité générale de l’État, puisque la part de la défense régressera de 4,5 % en 2025 à 4 % en 2026».
Ventilation des crédits de fonctionnement, prestations sociales et équipements
Le ministre a détaillé la répartition interne du budget, en soulignant que «le budget de fonctionnement destine 47,4 milliards de dirhams à la solde du personnel militaire et civil», tandis que «7,9 milliards de dirhams couvrent l’acquisition de matériels et les dépenses techniques». Il a ajouté que «17,9 milliards de dirhams sont attribués aux opérations d’investissement, aux achats d’équipements et à la réfection des installations militaires».
M. Loudiyi a précisé, concernant la gestion des rémunérations, que «l’ajustement salarial finalisé en juillet 2025 a produit un effet financier évalué à 1,1 milliard de dirhams pour l’année en cours», auquel s’ajoute une enveloppe «de 400 millions de dirhams destinée aux indemnités spécifiques accordées aux militaires et aux fonctionnaires civils du secteur».
Le ministre a également rappelé l’attribution «de 332 millions de dirhams supplémentaires aux indemnités et compléments de fonction, couvrant près de 5 500 postes», destinés à répondre aux exigences de nouvelles unités opérationnelles.
Concernant les dépenses techniques, il a indiqué que «les dotations dédiées aux équipements atteignent 7,9 milliards de dirhams, auxquels s’ajoutent 300 millions de dirhams attribués aux dépenses additionnelles». Une part significative sera consacrée «aux loyers des logements administratifs et fonctionnels du parc royal, dotés de 1,3 milliard de dirhams» et «à 1,2 milliard de dirhams orienté vers les programmes sociaux relevant de la Fondation Hassan II pour les œuvres sociales des militaires et anciens combattants».
Le ministre a poursuivi en indiquant que les crédits couvrent notamment «534 millions de dirhams pour les frais d’eau, d’électricité et de télécommunications», en parallèle avec la poursuite de l’extension des infrastructures militaires, en particulier «la création de nouvelles casernes et la rénovation d’unités».
Il a ajouté que le budget de gestion comprend également «349 millions de dirhams dédiés aux hôpitaux militaires et aux institutions de services sociaux», ainsi que «60 millions de dirhams destinés à la couverture des dépenses relatives au recrutement des conscrits âgés de vingt ans et convoqués pour la durée réglementaire du service militaire». Le ministre a souligné que, selon les estimations officielles, «le coût annuel du service militaire atteindra environ 863 millions de dirhams».
Chantiers structurants, investissements futurs et clarification des montants engagés
M. Loudiyi a exposé, au sujet des dépenses d’investissement, que «6,2 milliards de dirhams seront consacrés en 2026 aux opérations d’équipement», avec une augmentation de 428 millions de dirhams par rapport à 2025, tandis que «les autorisations d’engagement atteindront 6,8 milliards de dirhams, en hausse de 2,7 milliards».
Une part essentielle de ces crédits servira à «poursuivre la construction de la nouvelle école royale des études militaires avancées, l’extension et la modernisation du centre hospitalier militaire Mohammed V à Rabat, ainsi que l’acquisition d’armements et de munitions récemment commandés». Il a évoqué aussi «le renforcement des capacités des unités territoriales destinées à la protection des frontières orientales et méridionales» et «la construction d’infrastructures militaires inédites».
Le ministre a expliqué que le compte spécial dédié à l’équipement militaire «atteindra 11,5 milliards de dirhams en crédits de paiement, soit 5,3 milliards de plus que l’année précédente», la majorité étant consacrée «au règlement des dettes contractées pour les équipements antérieurement acquis». Les autorisations d’engagement associées «s’élèveront à 157 milliards de dirhams, dépassant de 17 % le niveau de l’année passée», en vue «d’assurer le financement des dettes futures et des contrats de longue durée».
Développement industriel, transferts technologiques et rectification publique
S’agissant de l’industrie nationale de défense, M. Loudiyi a confirmé que «dix projets sont en cours d’exécution pour un volume d’investissements atteignant 260 millions de dollars (environ 2,65 milliards de dirhams)», destinés à «créer 2 500 emplois». Il a ajouté que «cinq projets supplémentaires demeurent en étude ou en phase de finalisation».
Selon ses propos rapportés, «ces programmes appuyés par des accords conclus avec les grandes sociétés mondiales de défense poursuivent le transfert de technologies avancées vers le Maroc et l’élévation des capacités opérationnelles des forces armées». Il a indiqué qu’une partie de la production «sera préparée pour l’exportation, afin d’établir une base industrielle nationale apte à soutenir sa propre évolution».
Enfin, M. Loudiyi a tenu à corriger des interprétations médiatiques erronées, soulignant que «certains commentateurs ont annoncé un budget dépassant 150 milliards de dirhams après avoir confondu les crédits d’engagement futurs avec la dotation annuelle». Il a réaffirmé que «le budget réel de 2026 demeure strictement établi à 73 milliards de dirhams».