La France a œuvré avec diligence dans les coulisses européennes pour garantir la référence au plan d’autonomie marocain dans la décision historique du 31 octobre

À la veille du vote du 31 octobre au Conseil de sécurité des Nations unies (ONU) lié au renouvellement du mandat de la Mission des Nations unies au Sahara (Minurso), la diplomatie française s’est livrée à une intense campagne de persuasion auprès de ses partenaires européens, révèle la lettre d’information Africa Intelligence dans son édition du vendredi 7 novembre.

Le projet de résolution rédigé par Washington et transmis le 15 octobre a été examiné avec circonspection par Copenhague, Athènes et Ljubljana. Selon Africa Intelligence, «ces trois capitales, membres non permanentes du Conseil de sécurité, ont estimé que la première version du texte était trop favorable au Maroc et avait été communiquée trop tardivement». Il est très important de souligner que ces premières réserves sont ancrées dans le contexte intérieur et les équilibres nationaux de chaque pays.

La France s’est vue confier la tâche de rallier les trois États membres de l’Union européenne (UE) siégeant au Conseil de sécurité – le Danemark, la Grèce et la Slovénie – afin d’obtenir leur soutien à la résolution onusienne. Africa Intelligence précise que «les ambassadeurs de France dans ces capitales, Laurence Auer à Athènes, Fabienne Runyo à Ljubljana et Christophe Parisot à Copenhague, ont recueilli les suggestions d’amendements et coordonné les échanges entre les représentations diplomatiques concernées».

Toujours selon la même source, «à Rabat, l’ambassadeur de France Christophe Lecourtier a exhorté ses homologues européens à ne pas bloquer le projet de résolution». Les inquiétudes grecques portaient sur la possibilité que la Turquie invoque un précédent à Chypre tandis que la Slovénie, fidèle à son attachement historique à l’autodétermination, s’est montrée particulièrement critique.

Réserves slovènes et tractations de dernière minute

Africa Intelligence indique que «Paris a mis en garde contre un risque de disparition de facto de la Minurso en cas d’échec du vote, ce qui aurait laissé le champ libre à Washington pour imposer sa vision du dossier». Une perspective peu rassurante pour Copenhague, préoccupée par les ambitions américaines sur le Groenland. Parmi les trois capitales, Ljubljana a été la plus tempérante. «L’accord conclu en mai 2025 pour accroître les importations slovènes de gaz algérien, à la faveur de la visite d’Abdelmadjid Tebboune, a renforcé les hésitations du gouvernement slovène», note Africa Intelligence.

En visite officielle à Ljubljana les 20 et 21 octobre, Emmanuel Macron a tenté de lever ces réserves lors de ses entretiens avec le premier ministre Robert Golob et la présidente Nataša Pirc Musar. «Le ministre français des affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a ensuite pris le relais, impliquant la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, pour rapprocher les positions», rapporte la publication.

Après avoir reçu à Paris le ministre marocain des affaires étrangères, Nasser Bourita, le 14 octobre, M. Barrot a intensifié ses démarches pour garantir un vote slovène favorable. «À quelques heures du scrutin, il s’est entretenu à deux reprises avec la ministre slovène des affaires étrangères, Tanja Fajon, pour éviter toute surprise de dernière minute», relate Africa Intelligence. Finalement, Ljubljana a voté en faveur du texte, tout en réaffirmant, par la voix de son représentant Samuel Zbogar, que «la Slovénie continuait de considérer le Sahara occidental comme un territoire non autonome».

Une refonte du plan marocain attendue

Selon les informations publiées par Africa Intelligence, «une invitation à actualiser le plan d’autonomie marocain devait initialement figurer dans la résolution, mais elle en a été retirée dans la version finale». Lors de la visite d’Emmanuel Macron à Rabat en octobre 2024, «Jean-Noël Barrot et Nasser Bourita avaient esquissé l’idée d’une refonte du document initial de trente-cinq points».

«Un nouveau texte, enrichi de plusieurs dizaines de pages, sera présenté par Rabat courant novembre et transmis à Staffan de Mistura, l’envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies pour le Sahara occidental», conclut Africa Intelligence. Comme nous lavions indiqué auparavant, cette version révisée actualisera le contenu du texte de 2007 pour l’adapter aux nouveaux équilibres régionaux et aux attentes exprimées par les membres permanents du Conseil de sécurité. Le Maroc envisage d’engager, après la présentation officielle du plan, une série de concertations avec ses partenaires, au premier rang desquels figurent les États-Unis et la France, afin d’en assurer une large adhésion internationale.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *