La ligue des écrivaines africaines… une naissance dédiée à l’univers magique des mots

Des femmes et un continent, une belle dualité que la ligue des écrivaines d’Afrique a honorée ce jeudi 9 mars lors du congrès constitutif rassemblant à la bibliothèque nationale de Rabat une centaine de conférencières venues d’une quarantaine de pays africains ainsi que des ministres, ambassadeurs, politiques et plusieurs personnalités du monde de l’art et de la Culture.

Placé sous le thème ‘’ Pour renforcer les voies de partenariat culturel africain’’, le congrès qui coïncideavec la célébration de la Journée internationale des droits des femmes, a choisi la ville de Rabat, capitale de la culture africaine en 2022, pour signer l’acte de naissance de cette structure dédiée à la littérature africaine au féminin. Ce choix revêt une signification tout à fait particulière. C’est une ville riche en histoire et en patrimoine culturel, mais aussi pittoresque par son aspect de cité qui transcende les frontières et consolide le vivre ensemble à travers la promotion de la culture du dialogue et de la paix.

Pour nombre de participantes venues de toute l’Afrique prendre part auprès de leurs consœurs marocaines à la ratification du projet de la ligue, cette structure culturelle constitue l’espace idéal d’échange entre différents pays représentant des civilisations et des cultures différentes. C’est un large réseau culturel sur lequel va se construire principalement l’action culturelle africaine conduite par des écrivaines qui ont choisi de se prendre en main au moyen de la culture en tant que puissant moteur de rayonnement et de fortification des relations entre les peuples. ‘’La littérature dans ses différentes formes d’expressions(roman, nouvelles, poésie, théâtre et autres..) est pour moi un facteur incontournable du rayonnement humain. Elle  nous apprend à réfléchir sur nous-mêmes, à nous améliorer en développant chez nous le sens esthétique et l’esprit critique’’, nous dit Fatoumata Sano, membre de l’association des écrivains de Guinée. A ses cotés Adélaïde Fassinou Allagbara, professeur des Lettres du Bénin, renchérit :‘’C’est aussi un foyer de lumières qui illumine nos vie et nous incite à mieux nousconnaître et à mieux nous entendre. Et même si les civilisations africaines se sont parfois combattues ou affrontées, elles se sont influencées mutuellement et ça a donné, non pas une culture africaine, mais des cultures africaines qui se sont inspirées les unes des autres’’.

La naissance de la ligue était de tous les points de vue un agréable événement de communion qui témoigne et réaffirme l’attachement des écrivaines africaines au sein de cette structure culturelle, à leur identité, à leurs valeurs et à leurs cultures. Elle est aussi l’occasion rêvée de mettre en valeur la diversité du patrimoine littéraire africain dont le fondement se trouve d’abord et surtout dans l’histoire de l’Afrique et dans son identité culturelle qui traduit une préoccupation commune à tous les peuples du continent. 
En réalité, les citoyens d’Afrique en dépit de la domination culturelle coloniale qui a entraîné durant des décennies une certaine négation de la personnalité culturelle africaine, dénigré et falsifié l’histoire et les valeurs du continent, ont pu trouver dans la culture africaine les forces nécessaires à l’épanouissement et à la résistance.

La naissance de cette structure répond ainsi à l’urgence d’édifier des passerelles culturelles Sud-Sud qui intègrent les valeurs africaines, du fait que la culture reste le moyen le plus sûr pour la promotion d’une voie propre à l’Afrique en réponse aux défis de la mondialisation. ‘’C’est l’histoire du continent qui est en train d’être écrite par ses propres femmes’’, a insisté la ministre de la Solidarité, de l’insertion sociale et de la famille, Awatif Hayar. Des femmes qui représentent un ‘’porte-flambeau d’une culture sans frontières et d’un continent africain de paix, de pluralisme et de vivre-ensemble auquel nous aspirons tous’’, abonde dans le même sens Badia Radi, présidente de la ligue des écrivaines d’Afrique, dont la mise en place a nécessité des mois de préparation et de concertation.

Alors que le positionnement socio-économico-politique du Maroc et son rôle d’investisseur dans le continent africain, a été salué de partout comme un acte de diplomatie économique solidaire avec l’Afrique, il est indispensable aujourd’hui que soit mise en place par le biais de cette ligue, épaulée par les États africains, d’ une machine diplomatique culturelle destinée à échanger et à promouvoir des images et des contenus culturels adaptés sur le continent, sachant que l’investissement dans le culturel est l’un des meilleurs moyens de barrer la voie aux tendances de radicalisation extrémiste en Afrique.

Il y a quelques décennies, la diplomatie était au service du renforcement des relations économiques et politiques. Aujourd’hui, c’est la dimension culturelle qui prime et représente l’un des fondamentaux des relations diplomatiques. 

Et c’est pour cela que la naissance de la ligue des écrivaines d’Afrique revêt en sus de sa portée culturelle, une dimension principalement diplomatique qui s’inscrit dans la nouvelle mouture de coopération entre le Maroc et le continent africain. 

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