La sécurité sociale espagnole a publié, vendredi 14 novembre, des chiffres mettant en relief une progression continue de la main-d’œuvre étrangère, dont la présence atteint un seuil historique. Selon son communiqué, le mois d’octobre s’est achevé sur une augmentation moyenne de 13 159 cotisants venus d’autres pays, portant le total à 3 101 500 personnes. L’administration fait état, selon ses termes, «d’un accroissement de 0,4 % par rapport au mois précédent», précisant que ce volume n’avait jamais été observé jusque-là.
Évolution quantitative des effectifs étrangers
Le ministère de l’inclusion, de la sécurité sociale et des migrations (MISSMS) indique que la progression annuelle demeure vigoureuse. Le document mentionne en effet «une hausse de 7,2 % en un an, nettement supérieure à celle enregistrée par l’ensemble des affiliés». Parmi ces travailleurs, 942 036 proviennent de l’Union européenne, tandis que 2 159 464 relèvent de pays extérieurs au bloc.
Le texte du MISSMS souligne que les groupes nationaux les plus nombreux sont, selon sa propre formulation, «les ressortissants du Maroc (365 089 cotisants), de la Roumanie (340 449), de la Colombie (251 084), de l’Italie (211 556), du Venezuela (209 714) et de la Chine (126 748)». Le ministère ajoute que, une fois neutralisée l’influence des variations saisonnières, l’effectif étranger atteint «3 100 999 personnes, soit 206 837 de plus qu’un an plus tôt».
La ministre de l’inclusion, de la sécurité sociale et des migrations, Elma Saiz, a souligné dans un message public que, selon ses propres mots, «l’emploi étranger progresse avec vigueur dans les territoires confrontés au vieillissement démographique, ce qui met en lumière la portée structurante de la migration». Elle cite notamment l’Asturie, la Galice, l’Estrémadure et la Castille-et-León, qui enregistrent, toujours selon elle, «les plus fortes hausses annuelles, respectivement de 21,7 %, 15,5 %, 15,4 % et 11,5 %».
Le MISSMS relève également que, malgré ces rythmes soutenus, la proportion d’étrangers dans l’ensemble des affiliés demeure modérée dans les régions mentionnées, atteignant «7,4 % en Asturie, 10,4 % en Castille-et-León et 7,1 % en Galice». Le ministère précise encore que les femmes représentent «43,1 % de l’ensemble des travailleurs venus d’autres pays, soit 1 335 803 personnes».
Répartition sectorielle et essor du travail indépendant
La Sécurité sociale observe que 83,9 % des affiliés étrangers relèvent du régime général, soit 2 601 143 personnes. Leur présence se révèle particulièrement marquée dans l’hôtellerie, où ils constituent «près d’un tiers des salariés, soit 29,2 %». Le communiqué signale une situation comparable dans l’agriculture (25,4 %), le bâtiment (23 %), les activités administratives et le transport, secteurs dans lesquels «ils représentent près de 18 % des effectifs».
Les services techniques du ministère détaillent l’évolution de plusieurs branches où la main-d’œuvre étrangère connaît une expansion soutenue. Le rapport mentionne notamment «une progression de 32,9 % dans le transport, 14,7 % dans le secteur de l’eau, 12,5 % dans la construction, 10,5 % dans l’agriculture et 9,2 % dans l’industrie manufacturière». Il souligne également des hausses notables dans les domaines à forte valeur intellectuelle, évoquant «8,7 % dans les activités financières, 5,9 % dans l’information et les communications, et 5,5 % dans les activités professionnelles et scientifiques».
Le nombre de travailleurs indépendants venus de l’étranger atteint un sommet inédit, avec 494 246 inscrits, soit «une augmentation de 6,6 % en un an, bien supérieure à celle observée pour l’ensemble des travailleurs». Le ministère insiste sur l’essor des professions hautement qualifiées au sein de cette catégorie, citant «une hausse de 27 % dans l’information et les communications, 23,6 % dans le secteur de l’énergie, 18,8 % dans les activités professionnelles, scientifiques et techniques, et 13,8 % dans les activités financières et d’assurance».
Le MISSMS s’appuie en outre sur un rapport récent du conseil économique et social (CES), qu’il décrit comme «un éclairage capital sur la réalité migratoire». Selon sa rédaction, ce document rappelle que «l’Espagne devra pourvoir 2,4 millions d’emplois au cours de la prochaine décennie afin de maintenir son niveau de production», la contribution des travailleurs étrangers étant présentée comme «déterminante pour garantir un avenir fondé sur la prospérité partagée, la cohésion et l’équité sociale».
Cette analyse du CES, reprise par le ministère, met en exergue «l’apport positif de la migration pour la croissance et la productivité», tout en saluant les modifications du règlement général des étrangers de 2022 et de 2024, considérées comme «un appui décisif à l’intégration et à la valorisation des compétences venues d’ailleurs».