La Société générale des travaux du Maroc, acteur majeur du génie civil, se prépare à entrer en Bourse et à recourir à la dette privée afin de financer un carnet de commandes record, stimulé par les vastes chantiers liés à la Coupe du monde 2030 que le Maroc coorganisera. Selon Bloomberg, la SGTM cherche à «capitaliser sur son rôle dans les préparatifs de la compétition mondiale tout en poursuivant de nouveaux contrats au Moyen-Orient, notamment en Arabie saoudite, hôte de l’édition 2034».
Créée il y a cinquante-quatre ans, la SGTM a supervisé plusieurs des ouvrages les plus emblématiques du royaume, parmi lesquels les tours du Twin Center de Casablanca, le premier terminal de l’aéroport Mohammed-V, le port en eaux profondes de Nador West Med ou encore l’Université Mohammed-VI à Rabat. Le groupe conduit actuellement la construction du stade Hassan-II, à environ cinquante-cinq kilomètres de Casablanca, qui sera l’un des plus vastes au monde avec une capacité de 115 000 places. «Le Mondial 2030 est un accélérateur du développement des infrastructures du pays», a déclaré, cité par Bloomberg, le directeur général Hamza Kabbaj.
Une expansion soutenue par un afflux d’investissements
L’entreprise revendique un volume de contrats atteignant 34 milliards de dirhams (près de 3,7 milliards de dollars) en septembre, un sommet historique pour le groupe. Selon Bloomberg, son chiffre d’affaires devrait grimper à 14 milliards de dirhams en 2025, après une hausse annuelle supérieure à 25 % l’an dernier.
Hamza Kabbaj a indiqué que la société se préparait activement à une introduction en Bourse : «Nous préparons la SGTM à être prête pour une cotation, et nous en sommes proches à tous égards», a-t-il affirmé, tout en soulignant qu’une telle opération «pourrait ouvrir de nouvelles perspectives et faciliter la mise en œuvre de solutions de financement novatrices, tout en élargissant considérablement l’accès aux capitaux».
Outre la Bourse, la société prévoit d’émettre des obligations de projet et d’accéder aux marchés privés de la dette. Selon Bloomberg, cette orientation vise à accompagner la montée en charge des grands travaux nationaux, à l’heure où le royaume s’apprête à mobiliser quelque 140 milliards de dollars d’investissements d’ici 2030, selon les estimations du service de recherche d’Attijariwafa Bank (AGR). Ces investissements couvriront l’extension du réseau ferroviaire à grande vitesse, les ports, les usines de dessalement, les sites de production d’hydrogène vert, ainsi que la construction des nouveaux stades.
M. Kabbaj a reconnu que cette phase de croissance s’accompagnait de défis : «La pénurie de talents qualifiés et la hausse des coûts des intrants exigent de nous plus d’agilité et d’innovation financière», a-t-il déclaré. Enfin, Bloomberg rapporte que le groupe, fort de son expérience sur les mégaprojets marocains, envisage désormais de s’imposer sur d’autres marchés : «Avec l’expérience que nous avons accumulée au Maroc sur des projets majeurs, il est naturel pour nous de revenir et de devenir un acteur actif, en particulier en Arabie saoudite», a confié le dirigeant.



