Le ministère de l’équipement et de l’eau Nizar Baraka a annoncé, lundi 28 avril, l’annulation de l’appel d’offres relatif au futur axe autoroutier continental entre Rabat et Casablanca, infrastructure centrale dans les aménagements prévus par le royaume pour accueillir les phases finales de la Coupe du monde de football 2030, organisée conjointement avec l’Espagne et le Portugal.
Dans une réponse écrite adressée à la députée Najwa Koukous, élue du Parti authenticité et modernité (PAM, majorité), M. Baraka a exposé les raisons ayant conduit à cette décision. «L’annulation tend à relancer, dans les meilleurs délais, les appels d’offres selon une forme de financement révisée, fondée sur la préférence nationale, afin d’élargir l’accès des entreprises marocaines au secteur des travaux publics», a-t-il souligné.
Une refonte stratégique de la procédure
La société nationale des autoroutes du Maroc (ADM) a ainsi procédé à l’annulation du marché référencé (70/24/S), qui portait sur la construction du tronçon principal du nouvel itinéraire entre les deux capitales du royaume. De plus, les lots 1, 3 et 4 du second appel d’offres (71/24/S), qui concernaient l’érection de ponts au-dessus des oueds Hassar, Maleh, Nfifikh, Ghabbar, M’hassar, Cherrat et Ouikem, ont été également retirés.
En revanche, le lot numéro 2 du même appel d’offres a été maintenu. Financé sur les ressources propres de l’ADM, il a été lancé dans le respect du principe de préférence nationale et se trouve actuellement en phase d’attribution.
Le ministre a insisté sur le fait que ces réorientations n’auraient aucune incidence sur les délais d’exécution du projet, précisant que celui-ci respecte la chronologie approuvée et que les procédures de libération foncière, étape préalable au lancement effectif des travaux, sont en voie d’achèvement. «Ce projet structurant répond aux exigences croissantes du trafic sur cet axe cardinal tout en s’insérant dans les préparatifs de la Coupe du monde 2030», a-t-il déclaré.
Une attente impatiente au Parlement
Dans son interpellation écrite, Mᵐᵉ Koukous s’est alarmée du silence des autorités au moment de l’annulation du marché. «Le temps constitue un enjeu déterminant pour la livraison de cette infrastructure dans les délais impartis», a-t-elle averti, appelant le gouvernement à faire preuve de célérité et de clarté.
La députée a également relevé les défaillances du corridor actuel reliant Casablanca à Rabat, notamment l’augmentation des accidents, les interruptions persistantes dues aux chantiers, l’absence d’éclairage sur plusieurs tronçons ainsi que la faiblesse de la signalisation et du contrôle, particulièrement durant la nuit.
Un projet convoité et coûteux
Avant son annulation, le marché du nouvel itinéraire avait suscité l’intérêt de plus de dix-huit entreprises marocaines et étrangères. L’enveloppe budgétaire envisagée avoisinait six milliards de dirhams, selon les données disponibles. Cette infrastructure devait non seulement fluidifier le trafic entre la capitale administrative et la capitale économique du pays, mais aussi garantir un accès facilité au grand stade Hassan-II de Casablanca, l’un des sites majeurs du Mondial 2030.
«Le projet n’est pas suspendu, il est repensé pour mieux servir les intérêts nationaux», a insisté M. Baraka dans son exposé, précisant que le nouveau cadre financier sera annoncé dans les prochaines semaines.