Le Conseil économique, social et environnemental (CESE) a rendu public son avis sur les conséquences du mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (MACF) de l’Union européenne pour l’économie marocaine, soulignant la nécessité d’un cadre national rigoureux de préparation et d’adaptation.
Dès l’ouverture de la séance tenue à Rabat, les responsables du CESE ont rappelé que «l’avis a été élaboré selon une démarche participative, nourrie par l’écoute d’acteurs institutionnels, professionnels, experts et organisations internationales». Le président de l’institution, Abdelkader Amara, a estimé que «le sujet revêt une importance capitale pour les industries exportatrices nationales, étant donné que l’Union européenne demeure le premier partenaire commercial du Maroc et que l’application du mécanisme, prévue début 2026, influera directement sur la compétitivité de nos exportations».
Risques immédiats et portée sectorielle du MACF
Le CESE observe que «l’impact direct du mécanisme reste relativement limité à court terme pour le Maroc». Toutefois, son président a jugé que «l’adaptation des entreprises marocaines aux évolutions rapides des politiques climatiques et environnementales mondiales constitue un enjeu stratégique».
Les experts rappellent que le royaume «s’est engagé depuis plusieurs années dans des politiques ambitieuses en matière d’environnement, d’énergie et d’industrie, en vue de développer une production à faible intensité carbone et de réduire les émissions de gaz à effet de serre, afin d’atteindre la neutralité à l’horizon 2050».
Le rapporteur de la thématique, Amine Mounir Alaoui, a rappelé que le mécanisme s’inscrit dans le cadre du «Pacte vert pour l’Europe, dont l’objectif est la neutralité climatique à l’horizon 2050 grâce à un ensemble de politiques et de législations». Il a souligné que «le MACF s’appliquera aux produits issus de secteurs fortement émetteurs de CO₂, notamment le fer et l’acier, l’aluminium, le ciment, les engrais azotés, l’hydrogène et l’électricité».
M. Alaoui a précisé que «la part des exportations marocaines concernées ne dépasse pas 3,7 % du total des échanges avec l’Union européenne, dont 2,9 % pour le seul secteur des engrais». Mais il a également averti que «les industriels nationaux devront affronter des exigences techniques contraignantes, des investissements coûteux et un manque de ressources humaines qualifiées».
Recommandations institutionnelles et stratégies de décarbonation
Pour préparer les exportateurs marocains, le CESE a proposé «un ensemble de recommandations articulées autour de quatre axes». Le premier consiste à «doter le Maroc d’un cadre institutionnel et opérationnel permettant d’accompagner efficacement les entreprises face au MACF». Le deuxième suggère «la mise en place d’un cadre stratégique national de tarification carbone, cohérent et progressif».
Les deux autres orientations portent sur la nécessité «d’accélérer l’opérationnalisation de la stratégie bas carbone du royaume» et «de développer une coopération internationale et régionale afin de soutenir la compétitivité des exportateurs marocains et l’efficacité de la transition».
Le rapporteur a mis en avant les défis structurels qui pèsent sur cette adaptation. Selon lui, «le déficit d’informations fiables et standardisées, l’insuffisance de compétences spécialisées et le retard dans l’exécution de certains chantiers de décarbonation représentent des obstacles majeurs».
Adopté à l’unanimité lors de la 173ᵉ session ordinaire du CESE, tenue le 28 août 2025, cet avis entend placer les exportations marocaines dans une trajectoire plus conforme aux exigences environnementales de l’Union européenne, tout en cherchant à préserver la compétitivité industrielle nationale.