Le CIJ confirme la plainte malienne contre l’Algérie après la destruction d’un drone et Alger dénonce une démarche «paradoxale»

La Cour internationale de justice (CIJ) a confirmé avoir reçu une requête introduite par le Mali accusant l’Algérie d’avoir abattu, le 1ᵉʳ avril, un drone de reconnaissance de l’armée malienne dans son espace aérien. Bamako estime qu’il s’agit d’«une violation manifeste du principe de non-recours à la force et un acte d’agression (…) en violation du droit international».

Selon le communiqué de la CIJ, le Mali considère l’épisode comme «un acte hostile de l’Algérie». Le gouvernement malien affirme avoir demandé à plusieurs reprises des preuves aux autorités algériennes, sans jamais obtenir de réponse.

Alger, pour sa part, rejette ces accusations. Le ministère des affaires étrangères affirme que ses radars militaires «ont clairement établi la violation de l’espace aérien de l’Algérie par un drone de reconnaissance venu du Mali».

Dans une déclaration publiée vendredi 19 septembre, l’Algérie a dénoncé la démarche de Bamako devant la CIJ. Le texte officiel estime qu’il existe «un paradoxe saisissant dans la démarche malienne», accusant la junte au pouvoir à Bamako d’avoir «foulé au pied la légalité et l’ordre constitutionnel dans son propre pays, tout en prétendant faussement s’attacher au droit international».

Le communiqué poursuit en affirmant que «cette même junte a conduit le Mali au désastre politique, économique et sécuritaire, tout en se posant en accusatrice». Alger qualifie la plainte de «tentative d’instrumentalisation d’un organe judiciaire des Nations unies» et l’assimile à «une recherche de bouc émissaire destinée à exonérer la junte de ses responsabilités dans la tragédie infligée au Mali frère».

L’Algérie conclut en jugeant que «cette manœuvre est trop grossière pour être crédible» et annonce qu’elle «notifiera en temps opportun à la Cour internationale de justice son refus de cette procédure manœuvrière».

Une crise diplomatique aggravée

L’incident du 1ᵉʳ avril a ouvert une crise diplomatique profonde entre les deux voisins. Le Mali, bientôt rejoint par le Niger et le Burkina Faso, a rappelé ses ambassadeurs en Algérie. Alger a répliqué en rappelant les siens et les deux pays ont fermé réciproquement leur espace aérien.

La procédure devant la CIJ ne pourra avancer qu’avec le consentement de l’Algérie. Cette affaire s’ajoute à une détérioration plus large des relations bilatérales : Bamako accuse Alger d’entretenir une «proximité avec les groupes terroristes». En janvier déjà, la junte malienne avait déclaré caduc l’accord de paix d’Alger signé en 2015.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *