Le Front Polisario admet officiellement pour la première fois la validité et la puissance du plan marocain d’autonomie

Dans une inflexion majeure de sa position figée, le Front Polisario a déclaré, jeudi 23 octobre, être prêt à accepter le plan d’autonomie présenté par le Maroc en 2007 pour le Sahara, à condition qu’il soit soumis à référendum, rapporte l’agence AFP. Une posture qui marque un tournant notable, le mouvement séparatiste ayant toujours évité d’évoquer ce projet jugé conforme au droit international par de nombreux États et par une majorité de membres du Conseil de sécurité.

Une ouverture inédite après des décennies de refus

Le responsable Front Polisario, Mohamed Yeslem Beissat, a affirmé à l’Agence France-Presse que «le mouvement est prêt à accepter le plan d’autonomie proposé par le Maroc si la population sahraouie le valide par référendum». Selon lui, cette disposition figure dans une «proposition élargie» transmise lundi au Conseil de sécurité des Nations unies (ONU), en amont du vote attendu le 31 octobre sur une nouvelle résolution relative à ce territoire historiquement marocain.

Cette déclaration constitue une rupture nette avec la ligne défendue jusqu’à présent par le Front Polisario, inspirée par l’Algérie, et qui rejetait catégoriquement toute formule d’autonomie sous souveraineté marocaine. M. Beissat a précisé que la proposition de son mouvement «inclut les trois options reconnues par le droit international : l’indépendance (sic), l’intégration et le pacte d’association libre, lequel pourrait correspondre à ce que propose le Maroc». Or, depuis 1974, Rabat a déclaré «son opposition catégorique» à voir «érigé dans la partie sud du Maroc un État fantoche».

Une exigence de référendum jugée irréaliste par nombre de diplomates

Les observateurs à New York estiment que cette condition référendaire, réaffirmée depuis près d’un quart de siècle, reste hors d’atteinte. Le recensement électoral réalisé sous l’égide de l’ONU en 2000 n’a jamais permis de dégager un corps électoral consensuel, rendant tout scrutin illusoire.

Cette posture intervient alors que, depuis l’annonce en 2020 du soutien des États-Unis au plan marocain d’autonomie — décision prise par l’administration de Donald Trump et appuyée à maintes reprises — a obtenu l’appui explicite de plusieurs capitales occidentales, notamment Madrid, Paris, Berlin et Londres.

Le Polisario a lui-même reconnu que «trois des cinq membres permanents du Conseil de sécurité – les États-Unis, la France et le Royaume-Uni – soutiennent ouvertement le plan marocain», ajoutant que «la Russie adopte une position constructive tandis que la Chine demeure attachée aux résolutions antérieures».

Pour Rabat, ces déclarations confirment la prééminence de la proposition marocaine, qualifiée par de nombreuses chancelleries de solution réaliste, durable et crédible. L’attitude du Front Polisario, qui finit par reconnaître la pertinence du plan marocain tout en conditionnant son adoption à un vote populaire hautement hypothétique, consacre un glissement diplomatique notable au profit du Maroc et de sa vision d’un règlement pacifique du différend.

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