La Chine a procédé ces dernières heures à deux mises en orbite, déployant un nouveau satellite de reconnaissance sur une trajectoire inattendue et ajoutant onze engins à la constellation commerciale de l’automobile Geely, qui mentionne expressément un partenariat avec la société marocaine Soremar.
Selon la China Aerospace Science and Technology Corporation (CASC), un lanceur Longue Marche 7A a décollé du centre spatial côtier de Wenchang, sur l’île de Hainan, le 8 septembre à 22 h 00, heure de Washington (02 h 00, le 9 septembre UTC). CASC a annoncé le succès de la mission, en précisant que la charge utile était le satellite Yaogan-45. L’entreprise a indiqué que ce dernier était «principalement utilisé pour des expériences scientifiques, des enquêtes sur les ressources terrestres, des estimations de rendement agricole et des travaux de prévention et de secours en cas de catastrophe.»
Le programme Yaogan en orbite moyenne
Les satellites de la série Yaogan sont communément considérés comme des instruments de reconnaissance militaire, qu’ils soient optiques, dotés de radar à synthèse d’ouverture ou consacrés au renseignement électronique. CASC a souligné que Yaogan-45 avait été élaboré par l’Académie de technologie des vols spatiaux de Shanghai (SAST). La société a relevé qu’«il s’agissait de la première fois que la Longue Marche 7A était employée pour une mission en orbite moyenne», cette fusée ayant jusqu’alors été réservée aux mises en orbite de transfert géostationnaire.
Elle a encore précisé qu’«en augmentant la structure du réservoir de l’étage central et en multipliant les allumages des moteurs», la capacité de mise en orbite terrestre moyenne du lanceur était passée de 7 000 kilogrammes à plus de 8 000 kilogrammes, ce qui accroît son adaptabilité. Yaogan-45 rejoint Yaogan-41, lancé en décembre 2023 par une Longue Marche 5, en tant que satellite de plus grande dimension et positionné sur une orbite supérieure à celle où évoluent la plupart des autres engins de la série, traditionnellement placés en orbite basse ou héliosynchrone.
L’expansion de Geesatcom et la mention de Soremar
Quelques heures plus tôt, un Jielong-3 (Dragon intelligent-3) à propergol solide a décollé de la mer, au large de Rizhao, dans la province du Shandong, le 8 septembre à 15 h 48, heure de Washington (19 h 48 UTC). Le lancement, mené depuis le port spatial maritime oriental, a été suivi depuis la côte par des habitants, malgré l’horaire matinal de 3 h 48 à Pékin. La fusée a placé en orbite onze satellites pour la constellation Geesatcom de Geely.
L’un de ces engins doit expérimenter un système de navigation destiné à offrir un positionnement de haute précision au centimètre près pour la conduite assistée. Il s’agissait du cinquième groupe de satellites déployés pour Geesatcom, qui compte désormais 52 unités. Cette mission reproduisait un tir effectué en août avec la même fusée Jielong-3, ayant aussi transporté onze satellites.
Selon un communiqué de Geely, la constellation est orientée vers «des expérimentations de l’internet des objets par satellite et des essais de communication inter-satellites.» Sa branche spatiale Geespace a déclaré disposer de partenaires dans plus de vingt pays, parmi lesquels Azyan Telecom à Oman, ATSS en Arabie saoudite, Soremar au Maroc, ALTEL en Malaisie et Orbith en Argentine. Elle a souligné que les services concernaient «les villes intelligentes, les transports intelligents, l’énergie et les pêches maritimes afin de soutenir la croissance des économies numériques régionales.»
La société a encore affirmé que la première phase, constituée de 64 satellites, devait être achevée cette année et qu’un nouveau lancement en mer par un Jielong-3 était programmé pour le 21 septembre, selon des avis de navigation.
Un rythme orbital soutenu
Les tirs de Yaogan-45 et de Geespace 05 ont représenté les 53ᵉ et 54ᵉ mises en orbite chinoises de l’année 2025. Toutes ont abouti, à l’exception d’un échec survenu en août lors du lancement de la fusée Zhuque-2E, opérée par la société privée Landspace. La Chine semble en mesure de dépasser le record national de 68 tirs en une seule année civile, atteint en 2024.
La prochaine étape pourrait consister en une mise à feu statique d’un exemplaire de la Longue Marche 10 sur son pas de tir dédié de Wenchang, des photographies et messages publiés sur les réseaux sociaux laissant entrevoir un essai dans les jours à venir.
Pour rappel, le gouvernement marocain a examiné et adopté, en janvier 2024, deux projets de décret n° 2.23.1071 et n° 2.23.1072, portant respectivement renouvellement de la licence attribuée aux sociétés European Datacomm Maghreb SA et Soremar SARL, en vue d’établir et d’exploiter un réseau public de télécommunication par satellites de type GMPCS. Présentés par l’ancienne ministre chargée de la transition numérique et de la réforme administrative, Ghita Mezzour, ces projets faisaient écho à des demandes de renouvellement adressées à l’Agence nationale de réglementation des télécommunications (ANRT). Selon le porte-parole du gouvernement, Mustapha Baitas, «l’ANRT a émis un avis favorable à ces demandes pour une période supplémentaire de cinq ans.»