Le Kenya cherche à établir un lien commercial direct avec le Maroc afin d’accroître ses exportations de thé, pilier essentiel de son économie agricole. Cette orientation a été confirmée à la suite d’un entretien entre Willy Mutai, directeur général du Tea Board of Kenya (Conseil kényan du thé), et un représentant officiel marocain.
Selon les propos rapportés de cette rencontre, «le Kenya a exprimé son intérêt pour l’expansion de ses exportations de thé vers le Maroc, dans le cadre d’une stratégie plus vaste destinée à ouvrir de nouveaux marchés aux petits producteurs». Les deux pays sont convenus de la signature prochaine d’un Memorandum of Understanding (MoU), un protocole d’accord visant à «approfondir la coopération commerciale et à favoriser un accès réciproque aux marchés».
Un marché marocain à fort potentiel
Le Maroc demeure l’un des plus grands consommateurs de thé au monde, chaque habitant y consommant en moyenne 1,22 kilogramme par an. En 2023, le pays a importé plus de 182 millions de dollars de thé, principalement du thé vert de type «gunpowder», utilisé dans le célèbre thé à la menthe marocain.
D’après M. Mutai, «si le Kenya a exporté environ 74 millions de kilogrammes de thé vers le Maroc en 2024, la véritable perspective réside dans l’adaptation du produit aux goûts locaux». Il a ajouté que «le palais marocain privilégie les thés verts et les assemblages, tandis que le Kenya demeure traditionnellement attaché à la production de thé noir de type CTC».
Pour le directeur général du Conseil kényan du thé, «réduire cet écart par l’innovation — notamment par la production de thés verts, orthodoxes ou mélangés — permettrait d’ouvrir un marché considérable aux producteurs kényans». Cette démarche, selon lui, doit permettre au Kenya d’étendre la portée de ses exportations de thé au-delà de ses débouchés historiques.
À ce jour, près de 85 % du thé kényan est expédié vers seulement dix pays : le Pakistan, l’Égypte, le Royaume-Uni, les Émirats arabes unis, le Soudan, la Russie, le Yémen, l’Afghanistan, le Kazakhstan et l’Arabie saoudite. Le marché marocain, par sa proximité culturelle et son attachement ancestral à la consommation de thé, apparaît dès lors comme un relais de croissance prometteur pour la filière kényane, surtout après le récent rapprochement politique entre Rabat et Nairobi.

