Le Maroc a joué un rôle central dans la régulation des flux migratoires vers l’Europe et dans la coopération pour les retours effectifs alors que l’Algérie reste le «principal point de départ» vers les Baléares, dévoile un rapport officiel de Bruxelles

Le rapport annuel de l’Union européenne sur l’asile et la migration pour 2025, référencé COM(2025) 795 final, souligne l’importance du Maroc dans la maîtrise des départs irréguliers vers le continent européen. Le document, consulté par Barlamane.com, relève que «au Maroc, les départs ont diminué de manière significative comme résultat du renforcement de la coopération bilatérale avec l’Espagne et d’une surveillance accrue des frontières», constat qui traverse l’ensemble de l’analyse couvrant la période de juillet 2024 à juin 2025.

Réorganisation des routes migratoires et adaptation des réseaux

Le rapport met en évidence la transformation progressive des itinéraires empruntés par les migrants. Il précise que l’Algérie reste le «principal point de départ» vers les Baléares, représentant 79 % des franchissements constatés, tout en notant que l’action conjointe des autorités marocaines et espagnoles a produit des effets tangibles sur les flux irréguliers.

Par ailleurs, le texte observe que le «renforcement de la surveillance des frontières en Mauritanie et au Sénégal a conduit les passeurs à réacheminer les départs via la Guinée-Bissau, la Guinée et la Gambie», mettant en lumière la capacité d’adaptation des réseaux criminels face aux contrôles accrus.

S’agissant des autres voies d’accès à l’Union européenne, la Méditerranée orientale demeure particulièrement active, la Grèce enregistrant «le nombre le plus élevé de franchissements irréguliers par rapport à son PIB et à sa population». À l’inverse, la pression sur la route des Balkans occidentaux s’est atténuée grâce à «la mise en œuvre du plan d’action de l’UE pour les Balkans occidentaux», qui a apporté un «soutien politique, financier et opérationnel à la gestion des migrations dans la région».

Obstacles persistants dans les retours et la coopération internationale

Le volet consacré aux procédures de retour révèle des insuffisances structurelles. Le rapport indique que 115 000 ressortissants de pays tiers en séjour irrégulier ont été effectivement rapatriés, soit une «augmentation de 20 % par rapport à la période juillet 2023-juin 2024», mais souligne que le taux global de retour demeure limité, générant un «arriéré de personnes ayant reçu un ordre de quitter le territoire de l’Union européenne».

Les ressortissants algériens et marocains figurent parmi les nationalités les plus concernées par ces obligations, bien que les Marocains ne figurent pas parmi les plus fréquemment renvoyés. Le document constate que «les pays se classant le plus haut en termes de ressortissants de pays tiers faisant l’objet d’un ordre de quitter le territoire ne correspondent pas aux pays avec le nombre le plus élevé de retours mis en œuvre», la Turquie constituant l’exception notable.

La Commission européenne en appelle à une action résolue, plaidant pour «la création d’un système commun de l’Union pour les retours», qui devrait être accompagnée d’«une coopération plus efficace avec les pays tiers». Elle exhorte le Parlement européen et le Conseil à «procéder à l’adoption rapide de cette réforme», considérée comme un instrument déterminant pour parachever l’édifice législatif complexe de la politique migratoire européenne.

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