Longtemps différé, le projet du futur centre culturel du Maroc (CCM) à Paris s’apprête à voir le jour. Selon Africa Intelligence, l’inauguration de cet édifice, sis au 115 boulevard Saint-Michel, dans le 5ᵉ arrondissement, coïncidera avec la visite officielle du roi Mohammed VI en France, à l’invitation du président Emmanuel Macron. Le média souligne que «le symbole recherché est double : affirmer la réconciliation entre les deux pays et réhabiliter un lieu de mémoire du nationalisme maghrébin.»
Le «115», matrice historique des luttes indépendantistes
Propriété du royaume, cette adresse fut, dès 1927, le siège de l’Association des étudiants musulmans nord-africains (AEMNA), qualifiée par la même source de «creuset des luttes nationales maghrébines», où s’illustrèrent notamment Ahmed Balafrej et Habib Bourguiba. Le lieu, que l’on surnommait «le 115», abritait un restaurant universitaire où, selon le média, «s’inventaient déjà les indépendances à venir.»
Transformer cette ancienne association en vitrine culturelle du Maroc revient, écrit encore Africa Intelligence, à «réinscrire ce lieu du militantisme nationaliste dans le rayonnement culturel du royaume, à l’heure où Rabat et Paris célèbrent les soixante-dix ans d’une décolonisation présentée comme un modèle apaisé face à la passion mémorielle franco-algérienne.»
Une direction confiée à Lamia Radi et un projet signé Tarik Oualalou
Diplomate chevronnée, ancienne ambassadrice à Oslo et ex-directrice de la diplomatie culturelle, Lamia Radi devrait être nommée à la tête du futur CCM. Formée à Sciences Po et à la Sorbonne, elle incarne, selon la publication, «la génération technocratique du ministère des affaires étrangères». Fille d’Abdelouahed Radi, ancien premier secrétaire de l’Union socialiste des forces populaires (USFP) et ex-président de la Chambre des représentants, elle prolonge une tradition politique issue du gouvernement d’alternance conduit par Abderrahmane Youssoufi entre 1998 et 2002.
Le projet architectural du centre a été confié à l’architecte Tarik Oualalou, à travers son cabinet Oualalou + Choi. Le média rappelle que «ce dernier avait déjà présenté, en 2015, les plans du futur centre au roi Mohammed VI et à l’ancien président français François Hollande, lors d’une visite à l’Institut du monde arabe.» Jack Lang et Mehdi Qotbi avaient alors, note-t-il, «joué un rôle déterminant dans cette annonce, symbole de rapprochement après les tensions diplomatiques» pré-2023.
Africa Intelligence observe que «le choix de Lamia Radi revêt également une portée politique intérieure, l’architecte du projet étant le fils de l’ancien ministre socialiste des finances Fathallah Oualalou, figure éminente de l’USFP.»
Enfin, la publication rappelle que Lamia Radi préside la fondation Mémoires pour l’avenir, dont elle a conduit un programme de réhabilitation du monastère bénédictin de Toumliline, haut lieu du dialogue interreligieux des premières années de l’indépendance.


