«Le Maroc continue de construire des barrages et des usines de dessalement tandis que nous ne faisons rien» : en Espagne, les projets hydriques du royaume scrutés de près

Le Maroc a lancé un programme hydraulique d’une ampleur sans précédent, d’un montant de 383 milliards de dirhams — soit près de 36 milliards d’euros —, destiné à bâtir un réseau considérable de barrages et d’usines de dessalement. Ce plan, qui érige la gestion de l’eau en priorité d’État, provoque une «vive inquiétude» parmi les milieux agricoles espagnols, selon El Economista.

Le plan national de l’eau 2020-2050, révisable tous les dix ans, prévoit la construction de 16 grands barrages d’ici 2027, de quatre ouvrages de taille moyenne et de 92 plus modestes. Le quotidien souligne que «le Maroc, qui compte déjà 17 usines de dessalement d’eau de mer, en érige actuellement quatre autres et en projette neuf supplémentaires à l’horizon 2030 afin d’atteindre une capacité annuelle totale de 1,7 million de mètres cubes».

Selon la même source, «l’objectif prioritaire, outre l’approvisionnement des grandes villes, est de garantir les ressources nécessaires à l’agriculture et à l’élevage». Le dispositif comprend la construction de canaux et de transferts interbassins, le développement de systèmes d’information et de surveillance, ainsi qu’une gestion unifiée des ressources hydriques.

Les appréhensions du monde agricole espagnol

Face à cette stratégie, Antonio Luque, président de la coopérative agroalimentaire DCOOP, a affirmé : «Le Maroc continue de construire des barrages et des usines de dessalement, tandis que nous ne faisons rien.» Il a ajouté qu’il «faut être entendus et établir un plan hydrologique en Espagne, sans quoi nous perdrons notre leadership».

El Economista rappelle qu’en Espagne, la gestion de l’eau demeure fragmentée entre bassins, sans plan national unifié. Le pays ne prévoit ni nouvelle retenue ni transfert depuis la suspension du projet de l’Èbre en 2004. Bien qu’il dispose déjà de cent usines de dessalement d’une capacité supérieure à 10 000 m³ par jour, «pour les agriculteurs et les éleveurs, cela demeure insuffisant».

Entre 2022 et 2027, Madrid prévoit d’investir 22,8 milliards d’euros dans le secteur, mais, selon le quotidien, «40 % de cette somme seront consacrés à l’assainissement et à la dépuration, et seulement 30 % aux systèmes d’irrigation». Pour El Economista, ce contraste illustre la profondeur du fossé entre «un Maroc qui transforme l’eau en cause nationale» et «une Espagne prisonnière de son immobilisme hydraulique».

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