Le ministre de la défense de l’Inde Rajnath Singh a marqué l’histoire des relations indo-marocaines en procédant, le 23 septembre à Berrechid, à l’inauguration de la première implantation industrielle de défense indienne à l’étranger, aux côtés du ministre de la défense marocain Abdelatif Loudyi. Selon The Hindu, ce site de Tata Advanced Systems Limited (TASL) produira le véhicule blindé à roues WhAP 8×8, conçu en Inde, et constitue une étape majeure dans l’expansion de l’empreinte militaire indienne hors du sous-continent.
Un marché africain en quête de nouveaux partenaires
Toujours d’après The Hindu, un haut responsable du ministère indien de la défense a décrit le Maroc comme «une porte d’entrée vers l’Afrique et un marché prometteur pour l’équipement militaire indien.» Il a indiqué que «la demande sur le continent s’étend des armes légères aux chars en passant par les gilets pare-balles, les véhicules blindés et les hélicoptères.» Le même responsable a insisté : «C’est le moment propice pour l’Inde d’asseoir sa présence en Afrique en y établissant également des centres de maintenance et de réparation (MRO).»
Ce dernier a souligné que «la Russie a longtemps dominé les approvisionnements africains mais que la guerre en Ukraine et les sanctions ont désorganisé ses chaînes de livraison.» Dans cette conjoncture, The Hindu observe que «l’Inde, forte de son expérience en matière de matériels russes, possède une connaissance précieuse de leur entretien.»
Coopération militaire et perspectives stratégiques
Le quotidien a précisé que Rajnath Singh a profité de ce déplacement pour «sceller un accord de coopération militaire avec le Maroc,» première visite d’un ministre indien de la défense dans le royaume. Dans le même article, l’ambassadeur Sujan Chinoy, directeur général du Manohar Parrikar Institute for Defence Studies and Analyses (MP-IDSA), a déclaré que «le Maroc peut devenir la porte d’accès de l’Inde vers l’Afrique, tout en étant un partenaire contre le terrorisme et les menaces maritimes.»
En marge du salon Aero India 2025, le ministre indien avait déjà mené des entretiens avec des délégations venues d’Algérie, de Tanzanie et de Zambie. Toujours selon The Hindu, «l’Égypte a, pour sa part, manifesté un intérêt pour l’avion de combat léger Tejas et pour l’hélicoptère Dhruv, ce que les industriels indiens considèrent comme un signe remarquable d’ouverture.»
Une stratégie africaine affirmée
L’Inde, rappelle le journal, a placé l’Afrique au cœur de son effort militaire extérieur depuis plusieurs années. «Le premier déplacement de Rajnath Singh, peu après sa nomination, fut pour le Mozambique, et il assista en 2023 à l’investiture du président nigérian Bola Ahmed Tinubu,» écrit The Hindu.
De son côté, le professeur Harsh V. Pant, vice-président pour les études et la politique étrangère à l’Observer Research Foundation, a observé que «l’Inde cherche à accroître ses exportations militaires vers l’Afrique, profitant d’un lien historique et d’une relation de confiance.» Il a ajouté que «l’Inde n’est pas enfermée dans les rivalités entre les États-Unis et la Chine ou entre la Russie et l’Occident, et sa compétitivité dépendra de sa capacité à développer sa production, à démontrer l’efficacité opérationnelle de ses matériels et à maintenir leur coût abordable.»
Un haut responsable cité par The Hindu a enfin souligné que «les pays africains sont désormais prioritaires dans les salons militaires, que les exercices conjoints se multiplient et que la marine indienne a accru ses escales et ses manœuvres bilatérales et multilatérales avec les États du continent.»