Le Maroc figure parmi les pays avec lesquels la Banque européenne d’investissement (BEI) entretient actuellement des discussions pour étendre en Afrique ses programmes de soutien au verdissement du système bancaire, selon l’institution européenne qui a annoncé à Addis-Abeba, mardi 9 septembre, un accord technique inédit en Éthiopie.
La BEI, par l’intermédiaire de son bras de développement EIB Global, a paraphé des accords d’assistance technique avec trois établissements éthiopiens – Zemen Bank SC, Dashen Bank SC et Hibret Bank – pour les doter d’outils leur permettant de mieux évaluer les risques climatiques et de les intégrer à leur stratégie quotidienne.
Échange institutionnel et gestion des risques climatiques
La banque a expliqué que «les établissements participants seront désormais mieux armés pour évaluer la manière dont les aléas climatiques pourraient affecter leurs clients et pour encourager des placements qui accroissent leur résilience face aux inondations et aux sécheresses.»
Elle a ajouté que «les capacités des banques seront également élargies afin qu’elles puissent analyser les répercussions des politiques climatiques internationales sur les entreprises et sur les filières tournées vers l’exportation.»
Selon EIB Global, l’accord aidera les institutions financières éthiopiennes à élaborer des stratégies de financement durable et de conseil, avec l’objectif d’accroître le crédit vert et de contribuer à la neutralité carbone du pays à l’horizon 2050, conformément à la Stratégie nationale de développement à faibles émissions.
La signature a eu lieu en marge de la deuxième édition du Sommet africain pour le climat, tenu dans la capitale éthiopienne. Il s’agit du premier programme de ce type en Éthiopie, mis en œuvre dans le cadre du programme «Greening Financial Systems» (GFS) de la BEI, financé par le gouvernement allemand via le Fonds international pour le climat (IKI) et coordonné avec le Partenariat pour les CDN (contributions déterminées au niveau national).
Vers une taxonomie verte et un secteur financier résilient
Cet accord prolonge un protocole d’entente conclu récemment entre EIB Global et la Banque nationale d’Éthiopie afin de soutenir les objectifs de développement écologique du pays. Cette coopération comprend la mise au point d’une taxonomie verte nationale destinée à orienter les investissements durables et à permettre au secteur financier de mieux maîtriser les risques climatiques.
Leyla Traoré, cheffe de la représentation de la BEI en Éthiopie et auprès de l’Union africaine, a déclaré : «Les institutions financières jouent un rôle décisif dans l’orientation des flux de capitaux vers des projets résilients et décarbonés. Par ce partenariat, nous voulons contribuer à l’édification d’un système financier apte à accompagner l’Éthiopie dans l’accomplissement de ses contributions déterminées au titre de l’Accord de Paris.»
Pour l’Allemagne, le secrétaire d’État au ministère fédéral de l’environnement, Jochen Flasbarth, a souligné que «transformer le système financier mondial et aligner les flux financiers sur les objectifs de l’Accord de Paris est indispensable pour relever les défis du XXIᵉ siècle. Les gouvernements, les banques centrales et le secteur privé ont chacun un rôle essentiel pour préserver la stabilité financière à long terme.»
La BEI a précisé que des discussions sont en cours pour déployer le programme GFS dans l’Union économique et monétaire ouest-africaine, au Nigeria, en Égypte, en Ouganda et au Maroc, faisant du royaume chérifien l’un des prochains candidats à cette coopération européenne.