Le Maroc intègre officiellement le PAPSS, clef de voûte d’une souveraineté monétaire africaine en pleine affirmation

Le Maroc figure désormais parmi les dix-neuf nations reliées au Pan-African Payment and Settlement System (PAPSS), devenu l’infrastructure officielle de paiement et de règlement de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf).

Adopté à l’unanimité par les chefs d’État de l’Union africaine et par les gouverneurs des banques centrales du continent, le PAPSS a reçu, selon les termes mêmes de la décision, «le plus haut degré d’approbation institutionnelle». Placé sous la régulation du PAPSS Governing Council (PGC) – un organe composé des gouverneurs des banques centrales participantes –, ce «collège de gouverneurs» veille, selon les promoteurs du système, «à sa stabilité, à sa sécurité et à sa conformité avec les politiques monétaires nationales».

Une extension continentale sans précédent

Conçu initialement comme un projet pilote au sein de la Zone monétaire ouest-africaine (WAMZ), le PAPSS a connu une progression spectaculaire. En 2025, il s’étend à quatre grandes régions africaines, reliant dix-neuf pays, plus de cent cinquante établissements bancaires et quatorze plates-formes de paiement.

Ses responsables indiquent que «le réseau a désormais conquis l’Afrique du Nord, avec l’adhésion du Maroc, de l’Algérie, de l’Égypte et de la Tunisie, tout en établissant de nouveaux corridors financiers vers l’Est et le Sud du continent». Cette expansion, d’une ampleur inédite, illustre la volonté d’édifier une architecture monétaire véritablement africaine, affranchie des dépendances extérieures.

Deux instruments fondateurs de la souveraineté financière africaine

L’année 2025 marque un tournant majeur pour la souveraineté monétaire du continent. En juin, la PAPSSCARD a été dévoilée comme la première carte panafricaine de paiement. Présentée par ses concepteurs comme «un geste d’audace et d’indépendance financière», elle a pour vocation de maintenir sur le continent le traitement des opérations, la gestion des frais et la conservation des données.

Le mois suivant, le PAPSS African Currency Marketplace (PACM) a vu le jour. Ce marché monétaire continental permet, selon ses créateurs, «des échanges directs et transparents entre devises africaines», un premier utilisateur l’ayant salué comme «un rêve devenu réalité».

Ces innovations apportent une réponse concrète à un problème ancien : celui des recettes aériennes bloquées dans plusieurs pays africains. D’après les données citées par Ecofin Agency, issues de l’Association internationale du transport aérien (IATA), «les États africains concentrent la quasi-totalité des 846 millions de dollars de revenus aériens immobilisés dans le monde». Le PACM, précisent ses concepteurs, «offre précisément la solution à cette paralysie, en instituant un marché formel et transparent de conversion des devises africaines».

Une architecture de règlement continentale intégrée

Jusqu’à présent, plusieurs systèmes régionaux existaient – notamment le East African Payment System (EAPS) et le Regional Payment and Settlement System (REPSS) du COMESA. Mais, selon les analystes, «ces réseaux ont souffert d’une liquidité fragmentée et d’un déficit d’interopérabilité». Le PAPSS, pour sa part, «agit désormais comme un réseau de réseaux, assurant la compensation finale entre les systèmes régionaux et offrant la couche de règlement continentale qui leur faisait défaut».

Cette intégration permettrait, selon les projections établies par les institutions partenaires, «d’économiser plus de cinq milliards de dollars par an en frais de conversion et en coûts de routage international». Elle incarne, selon plusieurs experts, «le passage d’un commerce fragmenté à un marché unifié des paiements africains».

Un modèle conforme aux standards internationaux

La structure du PAPSS répond, selon un rapport conjoint de la Banque des règlements internationaux (BRI) et du Comité sur les paiements et les infrastructures de marché (CPMI), «aux meilleures pratiques internationales». Le document souligne que «les plates-formes multilatérales de règlement sont devenues indispensables à la fluidité des paiements transfrontaliers», tout en précisant que «leur réussite dépend du soutien ferme des régulateurs et de la participation active des institutions financières» – deux conditions, selon les auteurs, «que le PAPSS satisfait déjà pleinement».

Benedict Oramah, président de la Banque africaine d’import-export (Afreximbank), demeure le principal artisan de ce chantier. Il a décrit le PAPSS comme «un instrument de transformation pour la souveraineté financière africaine», affirmant qu’il visait «à permettre à un Africain d’acheter à un autre Africain avec sa propre monnaie».

Au-delà du secteur bancaire, le PAPSS relie progressivement les systèmes nationaux de paiement, les plates-formes régionales et les opérateurs de monnaie électronique. Cette interconnexion, affirment les économistes, «jette les bases d’un véritable marché unifié des paiements africains».

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