L’Instance nationale de la probité, de la prévention et de la lutte contre la corruption (INPPLC) a dressé un constat préoccupant sur l’état de la gouvernance publique au Maroc, révélant l’ampleur des pertes économiques imputables à la corruption, lesquelles absorberait près de 6 % du produit intérieur brut.
Lors de la présentation de son projet de budget pour 2026 devant le Parlement, l’INPPLC a expliqué que cette proportion représente «un fardeau croissant pour les finances publiques», précisant que le pays demeure «classé à la 99ᵉ place sur 180 États» dans l’indice de perception de la corruption publié par l’organisation Transparency International, avec «une note de 37 sur 100». Ce classement, estime-t-elle, «traduit la persistance de défaillances structurelles dans la lutte contre la corruption».
L’Instance a reconnu que les efforts déployés au cours des dernières années «demeurent tangibles mais encore insuffisants», soulignant que «chaque dirham perdu dans la corruption constitue un dirham soustrait aux budgets de la santé, de l’éducation et des infrastructures». Cette ponction, a-t-elle poursuivi, «affaiblit la qualité des services publics et érode la confiance des citoyens envers les institutions».
Le long chemin de la réforme
Soucieux d’inscrire son action dans la durée, le président de l’INPPLC a présenté les grandes lignes de la stratégie nationale pour la période 2025–2030. Celle-ci s’articule autour de trois axes jugés fondamentaux. Le premier concerne «la prévention, par le raffermissement du cadre législatif et la constitution d’un système institutionnel capable d’anticiper et de combler les brèches propices à la corruption».
Le second repose sur «la formation des agents publics, afin d’enraciner une éthique de la transparence et de fortifier la vigilance individuelle dans l’exercice des fonctions». Quant au troisième, il vise «la simplification des procédures administratives, pour réduire le contact direct entre l’administration et le citoyen et limiter le rôle des intermédiaires, terreau de la petite corruption». L’INPPLC a affirmé que «la véritable réforme ne saurait aboutir qu’à travers un lien effectif entre responsabilité et reddition de comptes», plaidant pour «une extension de la transparence à l’ensemble des institutions publiques et privées».
La même source a évalué son budget prévisionnel pour 2026 à près de 70 millions de dirhams, destinés en priorité «au financement d’études, aux campagnes de sensibilisation et à l’organisation de programmes de formation». Elle a, en outre, prévu «le recrutement de 35 agents supplémentaires afin de fortifier ses capacités opérationnelles».