Le ministre indien de la défense Rajnath Singh se rendra au Maroc du 21 au 24 septembre pour une visite officielle de quatre jours, la première qu’il effectue à Rabat. La presse indienne, qui rapport l’information vendredi 19 septembre, juge ce déplacement comme un moment stratégique pour élargir l’empreinte de New Delhi sur le continent africain et approfondir le partenariat militaire avec Rabat. Selon plusieurs quotidiens de New Delhi, «ce voyage de haut niveau prépare également un rapprochement accru avec l’Afrique en amont du prochain Sommet Inde-Afrique».
MKU, pionnier de la coopération indo-marocaine
Les journaux indiens rappellent que «la société MKU, établie à Kanpur, a ouvert la voie à la présence industrielle indienne au Maroc». Ils rappellent que «depuis quatre ans, l’entreprise collabore avec les Forces armées royales et reste la seule société indienne disposant d’une base opérationnelle effective dans le pays». D’après ces mêmes sources, «MKU a livré une palette complète d’équipements, des casques balistiques aux gilets pare-balles, des jumelles de vision nocturne aux systèmes de visée pour lance-grenades, en passant par divers dispositifs de surveillance adaptés aux unités déployées».
La presse locale estime que «cette coopération a contribué à améliorer la sécurité et la performance des personnels marocains et qu’elle a favorisé une relation de confiance ouvrant la voie à une collaboration technique dans la protection du soldat et l’électro-optique».
L’implantation de Tata Advanced Systems à Casablanca
La presse indienne met également en avant l’accord signé en 2024 par Tata Advanced Systems Ltd (TASL) avec le gouvernement marocain. Elle précise que «ce partenariat avec les Forces armées royales prévoit l’assemblage et la production du véhicule blindé à roues 8×8 WhAP dans une usine de Casablanca».
Le WhAP, conçu avec l’Organisation indienne pour la recherche et le développement de la défense (DRDO) et Tata Motors, est déjà utilisé en nombre limité dans la région du Ladakh. Les articles insistent sur le fait que «le site casablancais, d’une superficie de 20.000 mètres carrés, représente la première implantation industrielle de défense indienne hors des frontières, le premier complexe d’assemblage militaire d’envergure au Maroc et un futur pôle d’exportation vers l’Afrique». Les quotidiens ajoutent que «l’usine, dont l’entrée en service est imminente, s’appuiera sur des sous-systèmes venus d’Inde, tandis que l’assemblage final sera effectué au Maroc, générant des emplois locaux et un tissu de fournisseurs nationaux».
Une visite replacée dans le jeu des puissances
Pour la presse indienne, ce déplacement intervient à un moment où l’Afrique devient un théâtre d’intenses rivalités. Les journaux notent que «tandis que la Chine accroît son influence par des bases militaires, des ventes d’armes et des financements massifs, l’Inde propose un modèle alternatif fondé sur la formation, la recherche conjointe et la coproduction».
Ils rappellent également que «la marine indienne a conduit en Tanzanie l’exercice AIKEYME avec dix armées africaines, preuve d’un ancrage régional plus affirmé». Par contraste, soulignent-ils, «la Chine dispose d’une base à Djibouti et, selon les données du SIPRI, sept des dix principales armées africaines exploitent désormais des véhicules blindés d’origine chinoise».
La presse indienne conclut que «la coopération avec Rabat illustre une stratégie d’implantation progressive en Afrique, appuyée par MKU et désormais par TASL». Les journaux anticipent que «les discussions à Rabat porteront sur la consolidation des projets existants, l’examen de nouvelles perspectives de coproduction et d’exportation, et la préparation d’une coopération multilatérale au prochain Sommet Inde-Afrique».
Enfin, certains commentateurs estiment que «le Maroc représente pour l’Inde un partenaire privilégié, une porte d’entrée vers l’Afrique de l’Ouest et du Nord, et une base pour promouvoir l’idée de ‘Fabriquer en Inde pour le monde’». Selon eux, «l’escale de M. Singh à Casablanca pourrait marquer un jalon majeur de la diplomatie de défense Sud-Sud, mariant ambition industrielle et vision stratégique».