Le Maroc connaît une situation hydrique d’une gravité croissante : au lundi 28 juillet, les retenues cumulées des principaux barrages du pays ne dépassaient guère 35,8 % de leur capacité globale, pour un volume mobilisable de 6 014 millions de mètres cubes. Ces chiffres, issus des données consolidées par les agences de bassins hydrauliques, traduisent un déficit structurel d’envergure dans la répartition des ressources en eau.
Loukkos dépasse 54 %, mais demeure en deçà des seuils de sécurité
La zone du Loukkos enregistre un taux moyen de remplissage de 54,4 %, pour une capacité totale évaluée à 1 040,4 millions de m³. Les ouvrages les plus fournis restent ceux de Chefchaouen (93 % pour 11,4 millions de m³), Charif El Idrissi (92 % pour 112,5 millions de m³) et Oued El Makhazine (88 %, à hauteur de 594,7 millions de m³).
En revanche, plusieurs barrages de la même région s’approchent de la ligne de tarissement : Dar Kroufa stagne à 18 % de sa capacité, soit 87,7 millions de m³, tandis que Joumoua ne contient qu’un million de m³ (20 % de remplissage).
Dans le bassin du Sebou, Al Wahda plafonne à 52 %
Le bassin du Sebou, malgré une capacité globale atteignant 2 679,2 millions de m³, n’est rempli qu’à 48,2 %. Le plus grand réservoir, Al Wahda, n’enregistre que 52 % de remplissage, soit 1 847,2 millions de m³. Idriss Ier, qui pourrait stocker jusqu’à 429,5 millions de m³, n’en contient que 38 %.
Les retenues les plus critiques concernent El Kensera, limité à 24 % (54 millions de m³), et Bab Louta, à 70 % certes, mais ne contenant que 23,9 millions de m³.
Oum Errabia tombe à un niveau historiquement bas de 11,1 %
La situation devient préoccupante dans le bassin de l’Oum Errabia, où le taux moyen de remplissage ne dépasse pas 11,1 %, pour une capacité disponible de 553 millions de m³. La retenue de Bin El Ouidane, censée offrir 194,5 millions de m³, n’en contient que 16 %, et celle d’Al Massira — deuxième plus grand barrage national — n’affiche que 4 %, soit à peine 103,2 millions de m³.
Les barrages en tête du classement de ce bassin, tel que Sidi Idriss (90 %, mais seulement 2,2 millions de m³), témoignent de disparités criantes entre taux de remplissage et volumes effectifs mobilisables.
Le déficit en ressources superficielles, accentué par une faible pluviométrie et une évaporation soutenue, alourdit la pression sur les aquifères et menace les équilibres agricoles, industriels et domestiques. Plusieurs experts alertent sur un basculement structurel du cycle hydrologique du pays.