L’armée marocaine et la garde nationale de l’Utah ont conduit à Kénitra, à Casablanca et sur plusieurs sites côtiers l’exercice Maroc Mantlet 2025, présenté comme le plus important programme de préparation aux catastrophes sur le continent africain. Né d’une coopération de plus de vingt-deux ans entre la garde nationale de l’Utah (UNG), les Forces armées royales (FAR) et le ministère marocain de l’intérieur, cet entraînement illustre une collaboration d’une rare profondeur.
Selon les contingents américains, «[le] partenariat avec le Maroc dure depuis vingt-deux ans et chaque année, nous constatons une progression de notre capacité à œuvrer ensemble. C’est une collaboration exemplaire : nous apprenons les uns des autres et partageons nos meilleures pratiques.»
L’exercice de 2025 reposait sur un scénario de catastrophe maritime : un séisme au large des côtes marocaines provoquant un raz-de-marée dévastateur sur les zones urbaines littorales. Accueilli par les FAR à Kénitra et coordonné avec le ministère de l’intérieur au Centre national de formation marocain, Maroc Mantlet a réuni, pendant deux semaines, des équipes d’intervention spécialisées dans la recherche urbaine, la lutte contre les incendies, la médecine d’urgence et la réponse aux risques chimiques, biologiques, radiologiques et nucléaires (CBRN).
Les participants ont simulé des opérations de secours dans des bâtiments effondrés, pratiqué des exercices de triage médical, et conduit des opérations de décontamination. L’objectif, selon les organisateurs, était de tester la coordination interagences entre personnels militaires et civils marocains, en présence d’observateurs étrangers.
Un programme nourri des leçons du séisme d’Al Haouz
Les organisateurs ont particulièrement insisté sur la formation au traitement des traumatismes graves, en référence au séisme d’Al Haouz de 2023, qui avait fait plus de deux mille neuf cents morts à soixante-treize kilomètres de Marrakech. «L’objectif, c’est la réponse aux catastrophes. Nous enseignons les gestes de sauvetage dans des conditions extrêmes», a-t-on souligné avant de préciser que la formation portait sur la prise en charge des blessures d’écrasement typiques des séismes : «Vous ne sauvez pas une vie si vous soulevez un bloc sans précaution et que la victime se vide de son sang.»
Les équipes médicales américaines ont dispensé leur savoir-faire aux militaires marocains en matière de soins d’urgence sur le terrain. À l’issue de la session, plusieurs participants marocains ont reçu des sacs médicaux complets offerts par la garde nationale de l’Utah. «Les soldats marocains que nous avons formés ont sauvé des vies lors du séisme et des inondations de 2024. Le bien-fondé de notre travail commun se voit dans ces moments-là», s’est-on réjoui.
Une coopération fondée sur l’expérience et la confiance
Les responsables américains expliquent que la conception du programme évolue chaque année selon les retours d’expérience. «Nous échangeons avec les responsables marocains pour identifier les points à améliorer. Après le séisme de 2023, ils nous ont fait part de leurs difficultés, ce qui nous a permis d’adapter l’entraînement sur les techniques d’étaiement et de sauvetage», a-t-on mentionné. Par ailleurs, chaque édition de Maroc Mantlet comporte des ajustements liés aux circonstances : «Quelles que soient les modifications de programme, les objectifs sont atteints grâce au dialogue permanent et aux liens humains très forts. Les instructeurs américains reconnaissent d’ailleurs l’expérience concrète de leurs homologues marocains : «Nous leur disons souvent qu’ils ont plus d’expérience réelle que nous. Ils nous répondent : “c’est grâce à vous que nous savons le faire.”»
Une alliance pérenne tournée vers la maîtrise du risque
Maroc Mantlet offre «une nouvelle perspective : on découvre qu’il existe plusieurs manières d’atteindre le même objectif, parfois plus rapides et plus efficaces», selon les militaires américains. De par son ampleur et la complémentarité des savoir-faire mobilisés, Maroc Mantlet s’impose désormais comme une référence en matière de gestion intégrée des catastrophes. L’exercice témoigne de la détermination commune du Maroc et de l’Utah à soutenir leurs capacités d’intervention, à partager leurs expériences et à bâtir une solidarité opérationnelle fondée sur la confiance, la compétence et l’humanité.
