Liban : après le discours polémique d’Aoun et la mort d’un manifestant, les tensions montent d’un cran

Un homme a été tué par balle dans la nuit de mardi à mercredi au sud de Beyrouth alors que les contestataires coupaient plusieurs routes à travers le Liban, après des déclarations du président Michel Aoun qui ont attisé leur colère.

Un homme, Alaa Abou Fakhr, a été tué par balle dans le secteur de Khaldé, au sud de la capitale, a rapporté l’agence nationale d’information (ANI). Il s’agit de la deuxième personne tuée en marge du soulèvement. Dans un premier temps, l’armée avait rapporté un incident à Khaldé au passage d’un véhicule militaire sur une route coupée par des manifestants, assurant qu’un soldat a été « contraint d’ouvrir le feu pour disperser » les contestataires, « blessant une personne ». L’armée a ouvert une enquête et le militaire ayant ouvert le feu a été interpellé, d’après la même source.

Le Parti socialiste progressiste, dirigé par le chef druze Walid Jumblatt, a rapporté dans un communiqué la mort par balles d’un de ses responsables locaux.

Les violences interviennent après une déclaration télévisée du président Aoun. Le Chef de l’Etat a proposé un gouvernement formé de technocrates et d’hommes politiques, affirmant qu’il était possible que les consultations parlementaires pour désigner un nouveau Premier ministre commencent avant la fin de la semaine. Les contestataires, qui ont obtenu le 29 octobre la démission du Premier ministre Saad Hariri, réclament un gouvernement composé d’indépendants et de technocrates qui ne seraient pas issus du sérail politique. « Où est-ce que je peux aller les chercher? Sur la lune? », a lancé le président. « Y-a-t-il une révolution sans leader? », s’est emporté le chef de l’Etat. « Si au sein de l’Etat, il n’y a personne qui leur plaît, qu’ils partent ». Des déclarations que les citoyens ont pris comme une invitation à l’immigration et ainsi, comme une provocation sans précédent.

Le Liban vit depuis le 17 octobre un soulèvement inédit réclamant le départ de l’ensemble de la classe politique, quasi-inchangée depuis des décennies et jugée corrompue et incapable de mettre fin au marasme économique. Malgré des heurts sporadiques, la mobilisation est restée largement pacifique.

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