Malgré un boycott algérien de 96 % après le soutien de Quito à la souveraineté territoriale du Maroc, la banane équatorienne reste en hausse de 3,5 % sur les neuf premiers mois de 2025

Malgré un effondrement de 96 % des expéditions vers l’Algérie, consécutif à la décision de Quito de retirer sa reconnaissance au Polisario et d’appuyer le plan d’autonomie marocain, la filière bananière équatorienne a enregistré une hausse globale de 3,5 % de ses exportations entre janvier et septembre 2025, selon les données conjointes de l’Association de commercialisation et d’exportation de banane (Acorbanec) et de l’Association des exportateurs de banane de l’Équateur (AEBE).

Entre janvier et septembre 2025, le pays andin a exporté «285,05 millions de caisses de banane», soit «une progression de 3,51 % par rapport à la même période de 2024», a précisé l’Acorbanec. Cette évolution s’explique, selon l’organisation, par «une demande accrue de la part de l’Union européenne, de la Russie et de la Chine, en dépit des difficultés logistiques mondiales et d’un ralentissement observé au troisième trimestre».

Le rapport détaille que «l’Union européenne demeure le premier débouché du banane équatorien, représentant 30,9 % des ventes totales», les principaux pays importateurs étant «l’Allemagne, la Belgique, l’Espagne, les Pays-Bas, la France et la Pologne».

La Russie a absorbé «près de 19,7 % des exportations», suivie par «le Moyen-Orient (14,96 %), les États-Unis (12,36 %), le Cône Sud (6,85 %), l’Asie orientale (6,37 %), l’Asie centrale (2,25 %), l’Europe de l’Est (2,23 %), l’Afrique (1,89 %) et le Royaume-Uni (0,98 %)».

Selon l’Acorbanec, «la croissance vers la Chine a été particulièrement marquée, avec une hausse de 19,77 %, conséquence directe de la baisse de production enregistrée aux Philippines, au Cambodge, au Viêt Nam et sur le marché chinois lui-même». Des augmentations notables ont également été relevées «en Turquie (+31,42 %), en Russie (+12,25 %), en Suède (+15,77 %), en Argentine (+13,97 %) et en Arabie saoudite (+8,76 %)».

Tensions diplomatiques et ralentissement progressif

Sur le plan productif, l’Équateur a connu «une légère contraction de 1,87 % des volumes récoltés entre la semaine 41 de 2024 et la 39 de 2025», mais «des rendements supérieurs par régime ont permis de maintenir la capacité exportable». L’association relève que «la normalisation physiologique des plantations, l’ouverture de nouvelles zones de culture et le replantage de certaines superficies ont contribué à soutenir la production».

Ce rétablissement s’est accompagné d’une demande accrue «en raison de la baisse de production en Amérique centrale, notamment au Costa Rica, au Guatemala et au Honduras, où les conditions climatiques ont été défavorables». Par ailleurs, «des conflits sociaux à Bocas del Toro, au Panama, ont temporairement interrompu l’activité d’une multinationale du secteur, redirigeant les commandes vers l’Équateur, particulièrement depuis les États-Unis et l’Union européenne».

Le rapport de l’Acorbanec souligne que «les ventes vers l’Union européenne ont progressé de 6,96 % et celles à destination des États-Unis de 5,8 %». Le Moyen-Orient et l’Asie orientale «confirment leur potentiel, notamment la Chine, la Turquie et l’Arabie saoudite».

Selon la Banque centrale de l’Équateur, «le pays a exporté 2 889 181 caisses de banane entre janvier et août 2025, maintenant ce fruit au troisième rang de ses produits d’exportation, après la crevette et le pétrole, et devant le cacao».

Mais cette progression n’a pas été uniforme. «L’Algérie a réduit de 96,05 % ses importations de banane équatorienne», note le document, à la suite «de la décision de Quito de retirer sa reconnaissance à la République arabe sahraouie démocratique et d’appuyer la souveraineté marocaine sur le Sahara».

Acorbanec estime que «ce revirement diplomatique a entraîné un boycott commercial de la part d’Alger, qui a cessé de renouveler les licences d’importation pour le fruit équatorien». Une mesure qui, selon les analystes du secteur, «illustre la sensibilité du commerce agricole aux tensions géopolitiques».

Un marché en tension face aux contraintes logistiques

L’AEBE a recensé «285,96 millions de caisses exportées jusqu’en septembre, soit une progression cumulée de 3,33 %», mais a constaté une «décélération progressive de la croissance mensuelle, passée de 5,89 % en mai à 3,33 % en septembre».

Cette évolution s’explique, selon l’organisation, «par la saisonnalité de la demande, la baisse des températures, la congestion portuaire, les goulets d’étranglement logistiques et la hausse des coûts de transport».

Dans un contexte commercial qualifié de «complexe et de marges resserrées», les exportateurs équatoriens s’efforcent «d’accroître la compétitivité et d’assurer la durabilité de la chaîne bananière, tout en explorant de nouveaux marchés moins exposés aux aléas politiques».

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