Medium : « Le Maroc peut-il jouer un rôle plus important au Moyen-Orient via les accords d’Abraham ? »

Kieran Baker, ex-directeur de la rédaction et producteur de télévision primé par un Emmy pour CNN et Fox News, consultant pour Bloomberg TV Africa et directeur fondateur de TRT World montre le poids régional acquis par le Maroc ainsi que l’intérêt des USA à rehausser les relations avec leur plus ancien allié dans un article pour la plateforme Medium dont le cœur du métier est d’approfondir la compréhension du monde. 

Le journaliste et consultant pour Bloomberg TV Africa fait, tout d’abord, le point sur les accords d’Abraham qu’il conçoit comme la base de la stabilité et d’opportunités économiques pour les signataires. Bien que les accords d’Abraham aient été perçus, au moment de leur signature, à travers un filtre politiquement polarisé, (et décrits par beaucoup en termes binaires, comme une victoire pour Israël et une perte pour les Palestiniens) les avantages d’une plus grande stabilité régionale et d’une intégration économique accrue au Moyen-Orient et en Afrique du Nord sont importants non seulement pour leurs signataires, mais aussi pour le reste de l’Afrique et les relations des États-Unis dans la région, explique-t-il.

Ainsi, de l’avis de Baker, pour le Maroc, le plus ancien allié des États-Unis (puisqu’il a été le premier pays à reconnaître l’indépendance des États-Unis), le fait d’être signataire des accords devrait renforcer sa position de porte d’entrée en Afrique du Nord et sur le continent : « Ils renforcent sa position de leader régional, de puissance économique croissante qui se définit par une diplomatie efficace, ainsi que par l’accent mis sur les programmes économiques et sociaux à long terme dirigés par le roi Mohammed VI et son gouvernement ».

Il explique que dans une large mesure, les accords formalisent les liens informels existants avec Israël, ce qui offre en fin de compte le potentiel de bénéficier à la région. Un point de vue qui rejoint celui des intervenants du 14ème sommet annuel des affaires USA-Afrique à Marrakech le mois dernier. L’accès à la technologie et aux marchés d’Israël pour chacun des participants des accords, en plus du tourisme, sont des avantages tangibles de ces accords, poursuit le journaliste. Plus encore, soutient-il, « pour chacun d’entre eux, il est important d’établir un nouveau partenariat avec les États-Unis afin de tirer parti de cette relation essentielle ».

Dans cette optique, une coopération accrue dans la région sera à même de soutenir la sécurité régionale, offrant l’opportunité de concentrer l’attention nécessaire sur les économies en croissance, la transformation numérique requise pour soutenir la croissance et fournir un accès à de meilleurs soins de santé, services bancaires et programmes sociaux avec le défi de l’inflation mondiale comme toile de fond.

Du point de vue de la défense régionale, un réseau de pays plus fort et plus intégré est également considéré comme un avantage important à un moment où les tensions entre d’autres acteurs extérieurs à ce bloc sont en train de couver – notamment à Gaza et en Cisjordanie. De ce fait, Baker pose la question si le Maroc pourrait y contribuer. 

La réponse qu’il donne est oui : il en veut pour exemple le fait qu’en s’appuyant sur ses liens désormais ouverts avec Israël, le Maroc a été en mesure de jouer un rôle important en coulisses dans les efforts visant à établir une plus grande confiance entre Israël et l’Autorité palestinienne par le biais de mesures telles que l’ouverture prolongée du pont Allenby entre la Cisjordanie et la Jordanie.

« Grâce à un renforcement prudent de la confiance, sous l’égide du roi Mohammed VI, les heures d’ouverture du poste frontière passeront à 24 heures par jour à partir de septembre ; l’engagement des signataires des accords à défendre les Palestiniens permet d’espérer que d’autres progrès pourront être réalisés », informe le journaliste.

Sur un second plan, Baker soutient que ce dont le Maroc a besoin, c’est d’une plus grande reconnaissance à Washington et du sentiment que son plus ancien allié a un défenseur dans les couloirs du pouvoir américain. Il est peut-être temps pour les États-Unis de rendre la confiance que le Maroc a toujours placée dans sa relation avec l’Amérique, suggère-t-il fortement, car la possibilité d’être plus que de simples alliés semble de plus en plus une option. Avec la croissance rapide de l’Afrique, la relation avec les États-Unis est importante, insiste-t-il.

Le consultant pour Bloomberg TV Africa et directeur fondateur de TRT World rappelle que dans un message vidéo adressé à la conférence, la vice-présidente Kamala Harris, a annoncé qu’en décembre, la Maison Blanche accueillera le premier sommet des leaders américano-africains depuis l’administration Obama en 2014. L’engagement actuel des États-Unis envers l’Afrique est clairement bienvenu, mais il y a beaucoup de chemin à parcourir, maintient Baker en prenant de nouveau l’exemple du Maroc.

La France et les Émirats arabes unis sont les principaux investisseurs, suivis par le Royaume-Uni, poursuit-il. En dépit de la relation unique qu’entretient le Maroc avec les États-Unis, ces derniers figurent encore loin sur la liste des sources d’investissement direct étranger dans le pays. Davantage peut être fait pour soutenir le Maroc et alors que la récente visite du Secrétaire d’État Blinken en Afrique n’a pas inclus le Maroc – ce n’est sûrement qu’une question de temps avant que les projecteurs ne se tournent pleinement vers cette nation africaine en plein essor, conclut Kieran Baker.

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