La province de Cadix a vu la lumière revenir plus promptement que d’autres régions d’Espagne, grâce au concours technique apporté par le Maroc par le biais de son réseau d’interconnexion électrique sous-marin, ont rapporté mardi 29 avril plusieurs sources locales et diplomatiques.
Alors qu’une extinction brutale de près de 15 gigawatts a paralysé l’ensemble de la péninsule Ibérique lundi — soit l’équivalent de 60 % de la consommation instantanée du pays — certains foyers espagnols sont demeurés plongés dans l’obscurité jusqu’à la nuit tombée. En revanche, plusieurs localités andalouses ont recouvré l’électricité dès la fin d’après-midi quand la capitale Madrid n’a été réalimentée qu’aux environs de 23 heures.
Ce rétablissement partiel, précoce au sud, doit beaucoup à l’intervention de l’Office national de l’électricité et de l’eau potable (ONEE), organe public marocain, qui a sollicité son homologue espagnole en vue de réactiver les deux lignes de transport d’énergie traversant le détroit de Gibraltar.
«Le Maroc, habitué à importer de l’énergie depuis la péninsule, a cette fois inversé le flux pour répondre à l’appel de l’Espagne», confie un haut fonctionnaire proche du dossier. D’une capacité cumulée de 900 mégawatts, ces deux liaisons sous-marines ont permis de réalimenter les postes de transformation de la région de Cadix et d’enclencher le redémarrage progressif de plusieurs centrales.
Aucun désagrément majeur n’a été enregistré au Maroc, hormis quelques lenteurs dans la connectivité numérique, rapportées par l’opérateur Orance Maroc, ainsi que des perturbations dans les systèmes de lecture de cartes d’embarquement dans certains aéroports, selon les précisions apportées par l’Office national des aéroports (ONDA).
En fin de journée, le gouvernement espagnol a attribué cette panne sans précédent à une défaillance instantanée du réseau de production. Lors d’un point de presse tenu à Madrid, la porte-parole de l’exécutif a déclaré que «la chute simultanée de plusieurs sources d’approvisionnement a provoqué une disjonction en cascade, compromettant l’équilibre du système.»
Cette coopération transdétroitienne, bien qu’exceptionnelle, rappelle l’importance stratégique de l’interconnexion énergétique entre les deux rives de la Méditerranée, et pourrait ouvrir la voie à un dialogue renouvelé sur les complémentarités dans la gestion des réseaux en période de crise.