Paris et Rabat infligent un double camouflet diplomatique à Alger, selon L’Express

Le pouvoir algérien a subi en l’espace de quarante-huit heures, selon l’hebdomadaire L’Express, «une double humiliation infligée par ses deux ennemis séculaires : Paris et Rabat.» L’analyse souligne que ces deux épisodes successifs traduisent «le formidable isolement dans lequel le régime algérien, à bout de souffle, est désormais reclus.»

Le premier épisode remonte au 30 octobre, lorsque l’Assemblée nationale française a adopté, sur proposition du Rassemblement national (RN, opposition), une résolution appelant à dénoncer l’accord bilatéral de 1968 qui garantit un régime d’immigration privilégié aux ressortissants algériens. Pour L’Express, «l’adoption in extremis d’un texte émanant du RN constitue un événement sans précédent dans l’histoire parlementaire récente.» Ce vote a été interprété à Alger comme une marque de défiance politique majeure, venant clore plusieurs mois de tensions latentes entre les deux capitales.

Un isolement diplomatique aggravé par le vote onusien

Le second affront, poursuit l’hebdomadaire, découle de l’adoption par le Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies (ONU) de la résolution entérinant le plan marocain d’autonomie pour le Sahara occidental. Ce territoire, disputé depuis un demi-siècle entre le Maroc et les indépendantistes du Front Polisario soutenus par Alger, demeure au cœur d’une rivalité régionale persistante. «Un brillant succès», aurait déclaré la dirigeante du RN, Marine Le Pen, adressant «ses plus vives félicitations au roi Mohammed VI.»

Selon L’Express, ces deux votes, espacés de vingt-quatre heures, «témoignent de l’extrême fragilité de la position algérienne sur la scène internationale.» L’article souligne que «l’État algérien privé de toute boussole diplomatique.» En dehors de la Tunisie, «elle-même en proie à des guerres intestines de pouvoir au sein de son appareil sécuritaire,» Alger ne dispose plus d’alliés régionaux fiables.

Le chercheur Riccardo Fabiani, cité par le magazine, résume cette situation en ces termes : «L’Algérie refuse de sceller de véritables alliances ; elle ne peut donc pas compter sur ses partenaires lorsqu’elle a besoin d’eux.» Même la Russie, son «ami historique et principal fournisseur d’armes,» observe-t-on, «n’a pas daigné user de son veto lors du vote onusien.»

Un régime affaibli mais toujours redoutable

Pour L’Express, «le roi est nu.» Mais cette fragilité n’exclut pas la brutalité : «Il n’en est pas moins dangereux,» écrit l’hebdomadaire, rappelant que «deux Français le paient cher : l’écrivain Boualem Sansal et le journaliste Christophe Gleizes, otages depuis des mois des geôles algériennes.»

L’analyse conclut que cette succession d’événements illustre la perte d’influence d’un régime «fâché avec presque tous ses voisins et incapable d’adapter sa diplomatie à l’époque contemporaine.»

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